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Sérénade d’après Le Banquet de Platon pour violon solo, orchestre à cordes, harpe et percussion

(1918 – 1990)

Le violoniste Isaac Stern (1920-2001) sollicita son compatriote et ami Leonard Bernstein pour qu’il lui compose une œuvre concertante. La disparition du chef d’orchestre Serge Koussevitzky (1874-1951) fut le prétexte à la naissance de la partition achevée le 7 août 1954 et dédiée “avec affection à la mémoire de Serge et Natalie Koussevitzky”. Directeur musical du prestigieux Orchestre symphonique de Boston de 1924 à 1949, Koussevitzky avait été, avec Fritz Reiner, Dimitri Mitropoulos et le compositeur Walter Piston l’un des mentors du jeune Bernstein.

 

L’argument de l’œuvre repose sur Le Banquet de Platon « sans qu’il y ait de véritable programme […] mais une série de louanges à l’amour, reliées entre elles » affirma le compositeur. Le texte philosophique et poétique du Banquet stimula son imagination. Il organisa la partition en cinq mouvements, qui correspondent aux interventions des personnages. Découvrons la musique grâce aux commentaires de Bernstein.

 

Phaedrus – Pausania (n°1), « Phèdre ouvre le banquet avec un discours lyrique à la louange d’Eros, dieu de l’amour. Le fugato est introduit par le violon solo. Pausanias poursuit la conversation en décrivant la dualité de l’amant et de l’aimée, révélée dans un allegro de sonate classique, basé sur le matériau du fugato initial ».

 

Aristophanes (n°2) « invoque la mythologie féerique de l’amour. Dans cet allegretto, il devient un conteur à l’heure du coucher ».

 

Le médecin Erixymachus (n°3) « évoque l’harmonie des corps comme modèle scientifique des diverses manifestations amoureuses. Il s’agit d’un scherzo fugué très bref, mélange de mystère et d’humour ».

 

Dans un discours émouvant, Agathon  (n°4) « fait le panégyrique qui embrasse tous les aspects des pouvoirs, fascination et fonctions de l’amour. Le mouvement, un adagio, est conçu comme un simple lied tripartite ».

 

Enfin, Socrates – Alcibiades (n°5) « présente Socrate décrivant sa visite à la prêtresse Diotime, citant le discours de celle-ci sur la démonologie de l’amour… La lente introduction […] fait office de réexposition de la section médiane du mouvement d’Agathon suggérant ainsi une forme sonate dissimulée. L’interruption d’Alcibiade et de sa bande de noceurs éméchés (allegro) […] va de l’agitation à une joyeuse célébration en passant par une musique de danse proche de la gigue. Si cette célébration  comporte une pointe de jazz, j’espère qu’on ne la prendra pas pour une musique de fête grecque anachronique, mais plutôt pour l’expression naturelle d’un compositeur américain contemporain, imprégné de l’esprit de ce banquet intemporel ».

 

Déjà, dans la Première Symphonie (1941), puis la Seconde, The Age of Anxiety (1949), Bernstein jouait du thème des arts mêlés, qui stimulaient son univers poétique et sonore. Dans le commentaire de la Sérénade, il décrit l’étrangeté et la séduction du texte qu’il imagine sans rupture. La partition n’est formée que d’un seul mouvement dont le dynamisme illustre les caractères de la philosophie platonicienne. L’écriture musicale est rythmée par l’alternance des dialogues, des questions et des doutes de chaque intervenant.

 

L’œuvre préserve l’humanisme émouvant du texte tout en regorgeant d’archaïsmes anachroniques, d’éléments “jazzés”, de chromatismes exacerbés. La Sérénade n’est qu’une libre conversation en musique, une fantaisie qui se refuse au cadre formel du concerto classique. Le titre révèle à lui seul le charme, le propos anodin, mais raffiné. La structure de l’œuvre repose tout entière sur la grâce et la dimension rhétoriques du soliste car les thèmes et les phrases se construisent et se nourrissent mutuellement, sur le flot des enchaînements mélodiques.

La partition fut créée le 12 septembre 1954, à La Fenice de Venise. Bernstein dirigeait l’Orchestre Philharmonique d’Israël alors en tournée et avec, en soliste, Isaac Stern. L’année suivante, le violoniste donnait la première américaine avec l’Orchestre Symphonique de Boston sous la baguette de Charles Münch.

 

A Lire

« Leonard Bernstein » par Renaud Machart (ed. Actes Sud / Classica, 2007).