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Octuor op.20

(1809 – 1847)

 

 

 

Comment imaginer un adolescent de 16 ans offrant à la postérité l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la musique de chambre ? Revenons sur cette enfance. Entre 1821 et 1823, Mendelssohn compose douze symphonies pour cordes ainsi qu’une treizième en un seul mouvement. Son professeur, Carl Friedrich Zelter (1758-1832) exige que son élève, alors âgé de douze ans, maîtrise parfaitement l’écriture musicale. Pour Mendelssohn, l’année 1824 se révèle décisive. Il décide, en effet, de devenir compositeur après avoir entendu la musique de Beethoven.

 

La carrière du jeune musicien est lancée. Pianiste, compositeur et bientôt chef d’orchestre, il arpente les routes d’Angleterre et d’Italie, muni de papier à musique et de carnets à dessin pour croquer les paysages traversés. De retour chez lui, au début des années vingt, il dispose d’un petit orchestre de chambre privé. Il peut ainsi tester plusieurs de ses œuvres de musique de chambre dont l’Octuor op. 20, qu’il achève en 1825.

 

L’octuor fait partie du catalogue de la musique de chambre destiné au divertissement, voire aux concerts de plein-air. Le changement de destination intervient de manière radicale avec l’Octuor D.803 de Schubert. Cette partition datée de 1824 associe cordes et vents. Son modèle est le Septuor de Beethoven. Si la forme s’avère relativement libre, l’œuvre s’éloigne considérablement du “divertissement” traditionnel.

 

L’Octuor de Mendelssohn synthétise deux univers, qui paraissaient jusqu’à cette date, incompatibles : la musique de chambre et le monde de la symphonie. La partition en quatre mouvements ouvre de nouvelles perspectives musicales comme le confie le compositeur : « La pièce doit être jouée dans un style symphonique, piano et forte étant strictement observés et plus fortement soulignés qu’à l’accoutumée dans des morceaux de ce genre ».

 

L’Allegro moderato ma con fuoco qui ouvre la partition porte déjà une certaine contradiction dans son titre. Comment faire preuve d’une telle passion – le thème est l’un des plus beaux de toute la musique romantique – tout en “modérant” l’ardeur de l’Allegro ? Le dilemme est résolu simplement, en équilibrant le récit et le matériau mélodique et en jouant sur la tonalité de mi bémol majeur, à la fois énergique, éclatante et sombre. Dans cette page, Mendelssohn fut influencé par les dernières symphonies de Mozart.

 

L’Andante qui suit est une ballade poétique et nostalgique. Bien que savamment écrit, le mouvement doit paraître de la plus parfaite clarté. On pense que le jeune musicien a voulu prouver à Zelter qu’il pouvait intégrer à son canevas, une sicilienne et un cantique sans que la ligne mélodique en soit contrariée !

 

Le Scherzo, allegro leggierissimo, nous emmène aux portes du Songe d’une nuit d’été dont l’ouverture date de 1826. Le souffle est bondissant, aérien, totalement tourné vers la symphonie. Joyeux et inquiétant, murmuré et incisif, ce mouvement que, d’après Fanny, la sœur de Felix, « il faut jouer pianissimo et staccato », réclame une grande virtuosité.

 

Le Presto conclusif amplifie la texture du scherzo. Il possède l’allure d’une pièce baroque, resplendissante de vie bien que le contrepoint si savant répartisse les pupitres à huit voix réelles. Le génie de Mendelssohn associe l’esprit des ländler allemands dont la finesse n’est pas la qualité première, avec une écriture ciselée comme de la dentelle.

 

L’Octuor fut créé en privé, en octobre 1825, au domicile parental des Mendelssohn. La première audition publique eut lieu le 17 mars 1832 au Conservatoire de Paris sous les archets de l’ensemble dirigé par Pierre Baillot.

 

A LIRE

 

« Felix Mendelssohn, la lumière de son temps » par Brigitte François-Sappey (coll. Les chemins de la musique, édition Fayard, 2008).