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Concerto pour piano et orchestre

(1879 – 1932)

 

Depuis quelques années seulement, on redécouvre l’œuvre de Jean Cras, musicien et officier de marine passionné des contrées lointaines, voyageur aussi des sons, ce qui lui valut d’être surnommé le « Pierre Loti de la musique ». Sa rencontre, en 1900, avec le compositeur Henri Duparc, bouleversa sa vie. Dès lors, il écrivit et voyagea, mêlant les deux activités dans la “Royale”, durant la Première Guerre mondiale et jusqu’à la fin de sa carrière, qu’il acheva brillamment, avec le grade de contre-amiral. Il poursuivit une œuvre peu abondante, mais qui apparaît d’une profonde originalité. Son écriture aborde en effet tous les genres musicaux avec une préférence toutefois pour la musique de chambre et le répertoire symphonique.

 

Jean Cras composa son unique Concerto pour piano en 1931. Il fut créé l’année suivante par sa fille, Colette Cras, aux Concerts Pasdeloup.

 

Le Concerto s’ouvre dans un climat solennel – lent, modéré, animé – par une phrase ascendante et un jeu de fanfares aux cuivres. Puis le piano prend la parole. Il se teinte de couleurs ravéliennes bientôt chargées d’un romantisme marqué. L’écriture est “libre”, au sens où la forme semble guidée par la seule expression musicale, une émotion sincère. Le piano tisse des guirlandes de couleurs de plus en plus vives. On songe aussi à l’écriture des concertos Saint-Saëns en raison de la multitude d’idées secondaires et de l’absence de toute ombre susceptible de troubler la fluidité et la quiétude heureuse de cette page.

 

Le second mouvement – très lent – est d’une beauté toute diaphane, les trémolos de cordes nous faisant entrer dans un climat inquiétant, brumeux et fantomatique. Ce sont les timbres des années trente, une atmosphère à la fois “visuelle” et épurée, au sens où on imagine aisément l’influence du Septième Art. Jean Cras puise également son inspiration dans l’impressionnisme – certes passé de mode – jouant de la torpeur, des volutes calmes du piano, des effets de profondeur dans l’orchestre grâce aux cors, au hautbois, au violoncelle. Les harmonies aux effluves orientales jouent des souvenirs de l’Orient d’un musicien si grand voyageur. Le mouvement se referme sur les trémolos du piano, comme quêtant la grâce de l’immobilité.

 

Joué enchaîné, le finale – très animé – s’ouvre par une sonnerie militaire associant caisse claire et trompettes, comme un lever de soleil devant un spectacle grandiose. Le caractère oriental – avec une écriture utilisant quelques effets du pentatonisme – apporte un souffle exotique heureux. La musique semble scintiller, le piano réservant son chant essentiellement au registre aigu du clavier. Quelques appels imitent à la fois les binious et les sirènes des bateaux. Ils donnent le signal d’un emballement de tout l’orchestre, respectueux pourtant du piano, le véritable “narrateur” de ce voyage.

 

A LIRE

 

Henri Duparc, « Lettres à Jean Cras, le fils de mon âme » (Ed. Symétrie, 2010)