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Dossier pédagogique- Talents cachés

Le programme qui sera joué lors du concert scolaire au Sabot d’or à Saint Gilles le vendredi 14 avril est intitulé Talents cachés.

Quelques mois après le concert scolaire qui a accueilli aux côtés de l’Orchestre National de Bretagne la violoncelliste Emmanuelle Bertrand pour le Concerto pour violoncelle de Marie Jaell, quelques mois après les interrogations que ce concert avait suscité sur l’évolution du statut des femmes compositrices à travers l’histoire, nous voilà face à un autre processus historique d’invisibilisation, cette fois vis à vis de compositeurs noirs ou métis, des artistes brillants peu à peu mis de côté, oubliés car ils ne correspondaient pas à l’image que la société avait d’un « artiste classique ».

Au cœur de ce programme, Joseph Bologne Chevalier de Saint-Georges, Florence Price, Samuel Coleridge-Taylor, ou encore Roslan Ibara, des compositrices et des compositeurs noirs aussi bien acclamés pour leur talent que chassés des salles de concert alors même qu’ils n’avaient rien à envier à des compositeurs comme Mozart, Mahler ou Dvořák. Peu à peu,  ce répertoire revient dans les salles de concert, et ce programme Talents cachés y contribue, mais il reste beaucoup à faire pour réhabiliter tout ce pan de l’histoire de la musique classique.

Vous pourrez trouver ici des ressources sur les compositeurs et les œuvres que vous allez entendre, n’hésitez pas à me contacter pour toute question…

Bonnes découvertes, bons concerts!

Hugo Crognier

Enseignant conseiller relais

hugo.crognier@ac-rennes.fr

Chevalier de Saint-Georges (1745-1799)

chevalier saint georges

 

Joseph Bologne Chevalier de Saint-Georges est l’un des premiers compositeurs noirs connus de l’histoire de la musique classique. Né esclave à Baillif en Guadeloupe le 25 décembre 1745, il est affranchi à son arrivée à Bordeaux en 1753. Fin escrimeur, violoniste et compositeur, il est bardé très tôt de hautes fonctions et brillantes décorations militaires, républicaines et artistiques. Sa vie est un roman et « la fortune du chevalier de Saint-George, sa renommée si bruyante, montrait quel pas on avait fait pour l’abolition de ce qu’on appelait un préjugé ! » (J.B. Capefigue, 1843).

Quatuor à cordes en Sol mineur, Op.1 n°5

 

Le quatuor à cordes, un genre nouveau

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Le quatuor de Haydn. Héliogravure de Franz Hanfstaengl (1907); d’après un tableau de Julius Schmid aujourd’hui disparu. Musée de Vienne.

 

D’abord, le quatuor à cordes (deux violons, un alto et un violoncelle) dans les années 1770 est un genre nouveau. Joseph Haydn et Luigi Boccherini « écrivirent, indépendamment l’un de l’autre, les premiers grands spécimens du genre qui devait rapidement dominer la musique de chambre au sens moderne, ou plutôt la symboliser : le quatuor à cordes. […] Il s’agit là d’appellations plus tardives, pas toujours utilisées avant 1800. » (Marc Vignal,  « La Musique instrumentale et de chambre en France à l’époque de Mozart -1991-). 

Chevalier Saint Georges publie dix-huit œuvres entre 1773 et 1785, réparties en trois opus de six quatuors chacun (Œuvre I, 1773 / 2ème Livre, 1778 / 3ème Livre Œuvre XIV 1785). Comme le souligne Michelle Garnier- Panafieu,  “sa production est l’une des plus intéressantes de ce genre dans sa phase d’émergence tant elle est emblématique du quatuor concertant, spécifiquement français, dont la vogue ne cessera de croître jusqu’à la révolution”. (Le Chevalier de Saint-Georges, Un contemporain atypique de Mozart, YP Editions, 2011, p. 65)

Conformément à un usage courant dans les années 1770, les quatuors de Chevalier Saint-Georges ne comportent que deux mouvements (un Allegro suivi d’un rondeau -ou d’un menuet). On retrouve cette architecture binaire dans les quatuors à cordes de Boccherini, Johann Christian Bach, ou encore Gossec).

 

Quatuor à cordes en Sol mineur, Op.1 n°5

Le quatuor en Sol mineur que nous entendrons joué par les chambristes de l’Orchestre National de Bretagne fait partie de l’Opus 1 publié en 1773. Il est constitué de deux mouvements : Allegro et Rondeau.

Florence Price (1887-1953)

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Née le 9 avril 1887 à Little Rock dans l’Arkansas, Florence Price est la première compositrice afro-américaine à acquérir un statut national. Elle remporte en 1932 le Prix de la Fondation Wanamaker avec sa 1ère symphonie, créée l’année suivante par l’Orchestre Symphonique de Chicago. “Bien que cette création lui apporte une reconnaissance et une renommée immédiates, toute sa vie elle continue à mener une bataille difficile, une bataille dans laquelle la nation est  mêlée – un dangereux mélange de ségrégation, de lois Jim Crow, de racisme enraciné et de sexisme” (extrait de la biographie de Florence Price par Michael J. Cooper, professeur de musique et rédacteur en chef de la Southwestern University)

Five Folksongs in Counterpoint

 

Florence Price compose ses Cinq Folksongs in Counterpoint, pour quatuor à cordes, vraisemblablement entre 1949 et 1951.

  • 1/ Calvary
  • 2/ My Darling Clementine
  • 3/ Drink to Me Only with Thine Eyes
  • 4/ Shortnin’ Bread
  • 5/ Swing Low, Sweet Chariot

Si les chansons originales qui servent de matériau de base sont facilement identifiable, les arrangements de ces Cinq folksongs sont sophistiqués et vont bien  plus loin que les arrangements assez simples habituellement entendus à la radio sur ces mélodies (traitement contrapuntique, variété de motifs d’accompagnements…).

 

Focus sur Swing Low, Sweet Chariot

Swing Low, sweet chariot est une chanson negro spiritual composée avant 1862 par Wallace Willis, un ancien esclave indien choctaw affranchi et vivant dans les anciens territoires indiens. Il s’est inspiré du Mississipi , qui lui rappelait le Jourdain, et du prophète Elie, qui aurait rejoint le paradis dans un chariot. Alexander Reid, pasteur dans une école du territoire choctaw, entend chanter la chanson de Willis et retranscrit les paroles et la mélodie.

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Il l’envoie aux Fisk Jubilee Singers,  groupe de chanteurs africains américain des années 1870 de l’Université Fisk à Nashville, Tenessee. Le groupe rend cette chanson très populaire durant leur tournée aux États-Unis et en Europe. Le plus vieil enregistrement connu de cette chanson, par les Fisk Jubilee Singers, date de 1909…

 

C’est cette chanson que Florence Price arrange pour quatuor à cordes. Le thème est d’abord exposé au violoncelle solo…

Samuel Coleridge-Taylor (1875-1912)

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Samuel Coleridge Taylor est né le 15 aout 1875 près de Londres. Il est métis, né d’un père africain de Sierra Leone et d’une mère britannique. Il apprend le piano et le violon et est admis en 1890 à la Royal Academy of Music de Londres où il étudie la composition avec Charles Villiers Stanford. Coleridge Taylor va ensuite diriger l’orchestre du conservatoire de Croydon et l’orchestre de la Haendel Society. Il enseignera la musique et a composition dans de nombreuses institutions dont le prestigieux Trinity College of Music.

Il connaît la célébrité de son vivant grâce à sa Ballade en la mineur pour orchestre et sa cantate The Song of Hiawatha. Il écrit de très nombreuses compositions dans tous les genres de la musique classique, y compris l’opéra, dont un  Concerto pour violon en sol mineur et une Romance pour violon et orchestre.  Cependant, en tant qu’homme noir, il rencontre des difficultés pour s’imposer dans la vie musicale britannique (par exemple, il n’est pas invité à diriger la création de sa cantate A Tale of Old Japan à Croydon en 1911.

Très engagé contre le racisme et pour la valorisation des Afro-descendants, Coleridge Taylor s’est particulièrement attaché à évoquer ses origines africaines dans sa musique, en particulier dans sa Suite africaine pour piano

Ceci étant, il s’attache à mettre en valeur ses origines africaines, notamment au travers de plusieurs compositions (ainsi, son African Suite pour piano de 1898) et à défendre la cause des afro-britanniques et des afro-américains. En particulier, il collabore avec le poète afro-américain Paul Laurence Dunbar sur Seven African Romances en 1897 et sur son premier opéra,  Dream Lovers en 1898.

Pour des informations plus précises sur la vie de Samuel Coleridge-Taylor, je recommande cet article de Jean Kriff, paru dans la Revue Humanisme (n°297, mars 2012).

Quintette pour clarinette et cordes en Fa dièse mineur, Op.10

 

Samuel Coleridge-Taylor compose son Quintette pour clarinette et cordes en Fa dièse mineur, Op.10 en 1896. Il comporte quatre mouvements.

Bibliographie- Webographie

Bibliographie

GARNIER- PANAFIEU Michelle, Le Chevalier de Saint-Georges, Un contemporain atypique de Mozart, YP Editions, 2011

 

Webographie

https://blacknews.fr/les-noirs-et-la-musique-classique-lhistoire-oubliee-dun-racisme-bien-orchestre/