Sans doute et avant tout parce que la place d’une femme dans la société était à priori confinée au rôle d’épouse, de mère, de femme dont l’attention devait se porter sur les devoirs de la sphère domestique. Nombreuses sont les femmes, à cette époque, à avoir renoncé à leur propre carrière lorsqu’elles se sont mariées. Ce fut le cas, par exemple, de la cantatrice Amalia Schneeweiss, contrainte d’arrêter sa carrière après avoir épousé le célèbre violoniste Joseph Joachim en 1863.
A l’inverse, certaines femmes ont choisi le célibat pour se consacrer librement à leur vocation musicale ( Nadia Boulanger, Henriette René…). Il arrivait aussi que des hommes apprécient et encouragent leur compagne dans leur vocation! Alfred Jaëll était de ceux-là (sa correspondance avec Franz Liszt en témoigne).
Sur la cinquantaine d’année d’existence de la Société des compositeurs de musique (1862- 1923), il a été dénombré 400 compositeurs: 374 hommes, et seulement 26 femmes compositrices (dont Marie Jaëll).
Notons au passage la différence d’acceptation entre femmes interprètes et femmes compositrices. Qu’une femme joue d’un instrument (en tant que musicienne de salon, ou d’agrément) était tout à fait fréquent et accepté. Qu’une femme s’adonne à l’art lyrique également (la voix et son évocation sensuelle…).
“Une éducation musicale par le chant et le piano devient au cours du XIXème siècle un élément obligatoire de la formation des jeunes filles de la bourgeoisie en pleine expansion, mais cette éducation n’est pas censée déboucher sur une carrière professionnelle”
Florence Launay
Qu’une femme donc interprète la musique, passe encore, mais qu’elle prétende à une carrière (ou pire, à l’art suprême de la composition musicale) est une autre affaire…
A noter, encore à cette époque, on parlait bien souvent d'”exécution” d’une œuvre musicale. Dans le Dictionnaire de musique de Jean-Jacques Rousseau -publié en 1768-, entre “Intermède” et “Intervalle”, on ne trouve aucune entrée “Interprète” (mais il y a bien une entrée “Exécutant”).
Saluons l’initiative de Sakira Ventura, professeure de musique espagnole; elle a créé une carte mondiale interactive qui recense et localise géographiquement de nombreuses femmes compositrices, pour la plupart oubliées… La liste n’est pas exhaustive (et ne peut l’être); la page est consultable en suivant ce lien:
https://svmusicology.com/mapa