“Sans Bach, la théologie serait dépourvue d’objet, la Création fictive, le néant péremptoire. S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu…”
Cioran, Syllogismes de l’amertume, 1952
La famille Bach est une importante dynastie de musiciens de Thuringe qu’on peut faire remonter à Veit Bach, meunier et musicien au XVI ème siècle. Jean-Sébastien Bach est né le 21 mars 1685 à Eisenach.
Passées les mentions de son appartenance à une longue lignée de compositeurs et de sa jeunesse orpheline et autodidacte, les biographies s’organisent autour de quelques
scènes retenues comme emblématiques :
– Le vol, à la fin de son adolescence, d’un recueil de pièces de clavecin considérées par son frère ainé comme au dessus de ses forces, et qu’il passe ses nuits à recopier «au clair de lune», se doit d’illustrer sa précocité, sa soif de connaissances, et sa hauteur de vue qui lui fait enfreindre les lois communes au bénéfice des exigences de son art.
– La permission de quatre semaines, obtenue en 1705 auprès de son employeur à Arnstadt, et qu’il porte de son propre chef à 4 mois, pour aller à pied à Lubeck, distante de quelques 400 kilomètres, écouter le grand organiste Buxtehude.
– Les divers récitals et duels : Bach versus Louis Marchand, à Dresde en 1717, où le rival français se serait enfui pour éviter une confrontation inégale, et Hambourg, en 1720, où il impressionne Reinken qui, en l’adoubant, le proclame digne successeur de la grande école germanique d’organistes improvisateurs, autant de manifestations de sa science inégalée de la musique, faisant de lui LE compositeur par excellence.
– La visite au Roi Frédéric de Prusse dans sa résidence de Postdam (près de Berlin), enfin, nourrit la légende selon laquelle le souverain aurait soumis un thème de son cru à la sagacité d’improvisateur du vieux compositeur, donnant naissance à la magistrale Offrande musicale.
Ces épisodes magnifiant la grandeur de Bach sont extraits du fil d’une existence bien réglée, placée sous le signe de la piété, de l’humilité et de l’artisanat (assez étrangers au
concept de génie développé ultérieurement par les romantiques).
*Merci au travail réalisé par Nathalie Ronxin dans son dossier Générations Bach, dont cette partie reprend largement
le contenu.