Dossier pédagogique- L’ONB invite le pianiste Philippe Cassard

Lors du concert scolaire du 26 janvier 2023, Wolfgang Amadeus Mozart sera au cœur d’un programme réjouissant. Nous entendrons des extraits de la Symphonie n°29  et du Concerto pour piano n°22. Ce programme sera servi par le pianiste Philippe Cassard qui dirigera l’orchestre du piano comme le faisait le maître salzbourgeois. Vous trouverez sur cette page des suggestions pour préparer vos élèves à la venue au concert. Le programme offre l’occasion de faire découvrir aux élèves deux genres majeurs de la musique, à savoir la symphonie et le concerto, et de les distinguer. Je vous propose également quelques focus dans les œuvres, illustrés par des petits guides d’écoute, ainsi qu’un entretien avec le pianiste Philippe Cassard.

N’hésitez pas à me contacter pour toute question ou suggestion,

Bonnes découvertes, bons concerts!

Hugo Crognier

Enseignant conseiller relais

hugo.crognier@ac-rennes.fr

Pour la biographie de Mozart, je vous propose un lien vers une page du site Eduthèque de la Philharmonie de Paris, très riche et bien illustrée:

https://edutheque.philharmoniedeparis.fr/doc/0055853-biographie-wolfgang-amadeus-mozart.aspx

Contexte géopolitique 

Vienne est le siège du Saint Empire romain germanique de 1558 à 1806. A l’époque de Marie-Thérèse d’Autriche, la ville connaît une grande expansion: la population de Vienne passe sous le règne de l’impératrice (1740-1780) de 88000 à 175000 habitants. La capitale autrichienne est une ville accueillante, ouverte sur le monde.  Ci-dessous une carte de l’Europe au 18ème siècle.

Joseph II et la musique

Mozart arrive à Vienne, en Autriche, en 1781. Vienne est le théâtre d’une vie culturelle, artistique et musicale intense. Joseph II, fils de Marie-Thérèse de Habsburg et empereur du Saint-Empire Romain Germanique de 1765 à 1790 est un mélomane, passionné d’opéra. Il assistait régulièrement aux répétitions au Burgtheater (qu’il a réformé en Théâtre national en 1776), jouait lui-même du clavecin et suggérait des sujets, comme celui de Cosi fan tutte (1790) à son poète impérial Da Ponte. Ci-dessous un portrait de l’empereur Joseph II.

Mozart à Vienne

Antonio Salieri est alors le maître de chapelle de Joseph II et dirige l’opéra italien, très à la mode. Cependant, l’empereur est attaché à la musique allemande (il crée en 1778 le Singspiel National de Vienne pour rendre à la musique allemande sa juste place, le projet s’avère un échec et est définitivement dissout en 1785). L’empereur commande même à Mozart le premier opéra en langue allemande,  Die Entführung aus dem Serail ( L’enlèvement au sérail, en 1782). Il règne alors sur la capitale autrichienne une vive concurrence entre les compositeurs; comme en témoigne, avec drôlerie, cet extrait du film Amadeus de Milos Forman (1984)…

Contexte historique, notes biographiques

1785. Depuis bientôt quatre années, Mozart est installé à Vienne. Il existe assez peu d’éléments faisant référence à ce concerto dans les correspondances du compositeur. Nous pouvons citer une lettre, envoyée par Leopold (le père de Mozart) à sa fille:

“J’ai reçu une réponse de ton frère dans laquelle il dit qu’il a donné sans beaucoup de préparation trois concerts de souscription devant 120 abonnés, qu’il a composé à cette fin un nouveau concerto en mi bémol, dans lequel (un cas plutôt rare!) il a dû bisser l’andante”

Mozart termine ce Concerto pour piano quatre jours après la Sonate K.481. Même si ce sont deux genres différents, ces deux œuvres sont en lien, déjà par leur tonalité commune (mi bémol). “La deuxième œuvre – le concerto- ne complète pas la première mais l’approfondit et l’enrichit” ( Jean et Brigitte Massin, WA Mozart, Fayard, 1970, p.1003).

Achevé le 16 décembre 1785, le Concerto pour piano KV482 présente trois mouvements:

• Allegro, 4/4
• Andante en ut mineur , 3/8
• Allegro, 6/8, avec épisode Andante, 3/4

Grandeur et dignité,  grâce et lyrisme, chaleureuses couleurs orchestrales ont valu à ce concerto n°22 le surnom de « reine » des concertos pour piano de Mozart. A noter, il s’agit du premier concerto pour piano à inclure les clarinettes…

Dès la longue introduction orchestrale du mouvement Allegro initial, on est frappé par la profusion d’idées mélodiques!

Après l’exposition orchestrale, le piano entre, d’abord en solo, bientôt rejoint par l’orchestre. L’instrument s’amuse, développe, varie, ornemente sur le matériel thématique précédemment exposé par l’orchestre (arpèges, trilles, guirlandes de doubles croches…).

Le second mouvement en ut mineur est douloureux, pathétique. Le compositeur Olivier Messiaen déclara à propos de ce mouvement:

« Pièce terrible, feu central que cet andante ! En un dramatique raccourci, on y voit évoluer toutes les contradictions que peut susciter l’idée de la mort : désespoir, révolte, accablement, consolations célestes et certitude de la résurrection. »

Ce fut ce mouvement que le public viennois de l’époque (environ 120 souscripteurs) choisit de bisser. La forme rondo ici se mêle à celle de la variation. Voici le thème initial, profond, sombre et intense…

Varier une mélodie, c’est la reprendre en en modifiant certains paramètres… Sur la forme “thème et variations”, un parallèle peut être fait avec la peinture (on pense à la Série des cathédrales de Rouen de Monet). La première variation ici est jouée au piano solo, les cordes frottées interviennent à deux reprises pour soutenir et donner du corps à la partie de soliste…

Le Finale, troisième et dernier mouvement de ce Concerto n°22, est de caractère joyeux et pétillant.  Le thème principal est très certainement influencé par une mélodie populaire mélodie principale. L’atmosphère n’est pas sans rappeler les  Noces de Figaro, composé la même année…

De 1773 à 1777 (entre ses 17 et 21 ans), Mozart est à Salzbourg. C’est dans cette ville qu’il compose toute une série de symphonies, appelées salzbourgeoises. La 29ème Symphonie KV201, une des dernières de cette série, est terminée le 6 avril 1774 et comporte 4 mouvements:

• Allegro moderato
• Andante
• Menuetto et Trio
• Allegro con spirito

Retour donc à un orchestre symphonique minimum. Deux hautbois, deux cors et les cordes. La Symphonie en ut K200 y ajoutait des trompettes, et la Symphonie en ré K202 y fera de nouveau appel. La Symphonie en Sol mineur, composée la même année 1774, n’usait pas de trompettes mais employait 4 cors.

Lors du concert scolaire du 26 janvier, nous entendrons de cette symphonie le deuxième mouvement et le Finale.

Le second mouvement, mélodique et chantant, est un Andante (tempo lent), dans la tonalité de Ré Majeur.

Le Finale, Allegro con spirito, en La Majeur, est de caractère joyeux et énergique.

HUTCHINGS Arthur, Les concertos pour piano de Mozart, Editions Actes Sud, 1989

W.A MOZART, Correspondance,  volumes I et IV, Harmoniques Flammarion, 1986

STENDHAL, Vie de Mozart, Editions Climats, 1990

MASSIN Jean et Brigitte, WA Mozart, Fayard, 1970, p.1003

VIGNAL Marc, Dictionnaire de la musique, Larousse, 1999

PAROUTY Michel, Mozart, aimé des dieux, Découvertes Gallimard, 1988