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Orchestre National de Bretagne

Dossier pédagogique – Les chants du vivant

Le vendredi 7 avril 2023 aura lieu le concert scolaire Les chants du vivant au Couvent des Jacobins.  Clé de voûte de ce programme, l’œuvre Chorus Nunavik Breizh de Katia Makdissi-Warren est issue d’une rencontre entre quatre femmes et deux héritages : la culture inuit et la culture bretonne. Un projet avec deux écoles, une à Gaspé  au Québec et l’école de la découverte à Saint Malo, une rencontre et un concert ont déjà eu lieu le 12 mai dernier à la Nouvelle vague (plus d’informations par ici).  C’est l’occasion dans cette page de développer les ressources liées à la musique bretonne pour nos ami.e.s du Québec, ainsi que de poser des repères sur la culture inuit. Un grand merci à la Société de Musique Contemporaine du Québec, dont les ressources en ligne sont d’une richesse inouïe!

A noter, ce programme donnera lieu à stage à destination des enseignants (Plan Académique de Formation). Merci à la Délégation académique à l’éducation artistique et à l’action culturelle (DAAC) pour son soutien.

Bonnes découvertes, bon concert!

Hugo Crognier

Enseignant conseiller relais

hugo.crognier@ac-rennes.fr

La compositrice Katia Makdissi-Warren

katia

 

Katia Makdissi-Warren a étudié la composition au Québec et à Hambourg, puis les musiques arabe et syriaque à Beyrouth. Compositrice innovatrice, elle s’est fait remarquer sur la scène nationale et internationale par son style unique où se rencontrent musiques du Moyen-Orient, de l’Occident et Autochtone. Elle fondait d’ailleurs en 2006 l’ensemble Oktoécho, spécialisé dans le métissage, pour lequel elle compose régulièrement en plus d’assumer la direction artistique. Son esthétique de fusion l’amène à travailler régulièrement – à la fois comme compositrice, directrice d’ensemble et interprète — avec les communautés autochtones, arabes et juives. Tout en étant très impliquée auprès de communautés culturelles variées, Katia Makdissi-Warren est très active dans le milieu de la musique contemporaine de concerts, ayant reçu des commandes d’orchestres symphoniques, d’ensembles de musique de chambre et d’interprètes au Canada, en France, en Allemagne, au Liban, au Maroc, en Argentine et en Espagne. Elle a signé de nombreuses trames sonores pour théâtre, danse, cinéma, télévision, ou expositions au Canada, en France, à Singapour, au Japon ou aux Émirats Arabes — dont celle de l’exposition permanente de Burj-Khalifa de Dubaï, plus haute tour du monde.

bd katia

 

La Société de Musique Contemporaine du Québec a mis en ligne sur son site une bande dessinée retraçant le parcours de la compositrice intitulée Mon grand rêve, par Marie Décary et Elisabeth Eudes- Pascal).

Des capsules vidéo peuvent aussi être diffusées aux élèves pour présenter la compositrice…

Les grands espaces

 

La SMCQ a commandé une œuvre chorale à Katia Makdissi-Warren pour les écoles du Québec. La compositrice en a profité pour composer une pièce inspirée du chant de gorge inuit afin de partager avec les jeunes l’amour qu’elle porte à cette culture.

À l’instar du chant de gorge inuit, « les Grands Espaces » imite la nature. C’est une pièce ludique qui offre des idées de création avec les jeunes tout en apprenant sur le chant de gorge inuit.

« J’ai imaginé cette musique spécialement pour vous, les jeunes, et je vous l’offre comme une invitation à vous transporter dans de grandes étendues. Tout le monde connaît, au Canada, les vastes plaines, les montagnes inhabitées, les lacs immenses, le fleuve, la mer… Mais dans le Nord, il y a aussi des champs de glace à perte de vue que j’aimerais vous faire découvrir.

Depuis plusieurs années, j’ai la chance de travailler avec des chanteuses de gorge inuit qui m’ont beaucoup inspirée. Toutes les musiques inuit, ou presque, sont imprégnées de la nature et des berceuses. Vous pourrez donc deviner dans cette musique pleine d’espace, comme un écho des berceuses de mes amis Inuit qui se mêlent au vent, à la pluie, aux cris des oies et des hiboux. Laissez-vous transporter dans les contrées lointaines de glace et de vent! »

Katia

Chorus Nunavik-Breizh

 

Présentation de l’œuvre par Katia Makdissi-Warren (extrait de la première page du conducteur)

 

“Chorus Nunavik-Breizh est une commande d’œuvre de l’Orchestre National de Bretagne qui a permis une rencontre unique! Chorus Nunavik-Breizh est projet d’écriture en étroite collaboration avec les chanteuses solistes Marthe Vassalo, Noluen Le Buhé, Lydia Etok et Nina Segalowitz. À partir du patrimoine breton et inuit, l’idée est de créer un espace de dialogue autour de la nature et de la mer qui réside au centre de ses deux cultures.

Les mouvements a capella à quatre chanteuses sont des créations collectives que nous avons montées en atelier de création avec les chanteuses solistes et la chanteuse de gorge inuit Caroline Novalinga.À l’origine, les chants bretons et katajjaq sont a capella. Pour honorer la mémoire de la tradition, les mouvements orchestraux sont intercalés avec des chants traditionnels a capella. Dans la composition, j’ai voulu mettre de l’avant une partie des patrimoines que les deux cultures ont développées autour de la nature
et des animaux.

Le katajjaq est traditionnellement pratiqué par deux femmes placées face à face qui se tiennent les épaules. Les chanteuses tentent de se faire rire mutuellement. Le jeu prend fin lorsqu’une des participantes est à bout de souffle ou rit.

De l’autre côté de l’Atlantique, le patrimoine musical breton possède également un répertoire vocal d’imitation de sons d’animaux qui est très ludique.

Cette thématique qui me tient à cœur est le point de départ amusant de la pièce qui influencera tout l’orchestre.

Comme le katajjaq est un jeu vocal sans parole, j’ai inséré un mouvement avec récitation pour qu’on puisse entendre côte à côte l’inuktitut et le breton, ces deux langues qui ont sont toujours bien vivantes malgré l’oppression qu’elles ont subie. Les textes sont écrits par Lydia Etok et Marthe Vassalo.

Merci aux musiciens qui m’ont aidée pour les sons d’animaux sur leur instrument : Marie-Hélène Brault, Alice Ricard, Mélanie Harel, Mélanie Bourassa, Mélanie Fortier, Gabriel Trottier, Charles-Antoine Solis, Felix Del Tridici et Julie Houle, Jean-François Gagné, Carla Antoun et Etienne Lafrance. Merci à la SMCQ et Cristian Gort pour leur soutien dans la création.

Finalement, j’aimerais remercier chaleureusement les solistes Lydia Etok, Nolùen Le Buhé, Nina Segalowitz et Marthe Vassalo grâce à qui cette pièce a pu voir le jour dans le partage, la générosité et la joie. “

Merci aux cultures inuit et bretonne pour leur riche source d’inspiration “

Katia Makdissi-Warren

 

 

 

De l’imitation de la nature

On retrouve dans l’œuvre Chorus Nunavik-Breizh l’imitation des sons de la nature, des sons d’animaux, très ludique, par des instruments de l’orchestre symphonique. Les instruments sont donc utilisés de façon non conventionnelle, les modes de jeux sont détournés, afin de produire des textures sonores se rapprochant le plus des sons des animaux représentés.  Le conducteur commence donc par une légende, ce qui est assez fréquent dans la musique dite contemporaine, car la notation n’est pas non plus conventionnelle.

Ainsi, dans le Mouvement II, les trompettistes enlèvent la seconde coulisse, et émettent un son en bouchant/ouvrant rapidement le trou de cette coulisse pour imiter un oiseau, le huard.

trompette huard

 

Un peu plus loin, dans le Mouvement 5, les clarinettes ne jouent qu’avec le bec pour imiter un autre oiseau, le chardonneret jaune.

clar chardonneret

 

Ou encore, dans le Mouvement Récitation, des instructions sont données aux tubas (ainsi qu’aux contrebasses ou aux percussions) pour imiter le chant des baleines.

tuba chant des baleines

Les Inuit, peuple des rives de l'Arctique

 

Les Inuit sont le peuple autochtone de l’Arctique. Le mot « Inuit » signifie « peuple » en inuktitut, la langue inuit. Le singulier d’Inuit est Inuk. La plupart des Inuit au Canada vivent dans 53 communautés des régions du Nord du Canada dans l’Inuit Nunangat, qui signifie « l’endroit où vivent les Inuit » et fait référence à la terre, à l’eau et à la glace des régions de l’Arctique. En 2021, selon Statistique Canada, la population inuit est passée à 70 545, une augmentation de 8,5 % depuis 2016.

L’Inuit Nunangat est composé de 4 régions :

  • l’Inuvialuit (Territoires du Nord-Ouest et Yukon)
  • le Nunavik (Nord du Québec)
  • le Nunatsiavut (Labrador)
  • le Nunavut

En 2021, environ 69 % de la totalité des Inuit du Canada vivent à Inuit Nunangat, 44 % vivant au Nunavut, suivi par le Nunavik (dans le nord du Quebec), par l’Arctique de l’Ouest (les Territoires du Nord Ouest et le Yukon)  connu sous le nom d’Inuvialuit, et par le Nunatsiavut (situé le long de la côte nord du Labrador).

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L'histoire des inuit

litographie inuit

Lithographie de 1884 représentant une famille inuite avec son équipement traditionnel

 

Le peuple inuit a des racines anciennes et profondes dans le Grand Nord. Ses origines remontent aux premières populations ayant occupé l’Arctique nord-américain. Depuis ce temps, le peuple inuit a petit à petit gagné les coins les plus reculés de l’Arctique, exploitant les ressources naturelles limitées de la région pour créer un mode de vie hautement perfectionné et adapté. L’arrivée des baleiniers et des explorateurs européens a bouleversé le cours de leur histoire. Même si ces visites ne les ont pas tous directement influencés jusqu’au 19e siècle, les 100 dernières années ont eu de fortes répercussions, souvent néfastes, sur leur santé, leurs modes de vie traditionnels et leur mieux-être social. Alors que le peuple inuit commence à reconquérir son autonomie traditionnelle par les négociations sur ses revendications territoriales et la sensibilisation politique, cette tendance se renverse graduellement.

Origines des inuit

Les Inuit font souvent remonter leurs origines lointaines à un passé mythique, où l’Arctique était habité par des géants et par des créatures fantastiques. La distinction entre les animaux et les humains n’existait pas encore, et les deux groupes communiquaient librement entre eux et échangeaient leur apparence. Les Inuit entretiennent toujours ce lien fort avec le monde naturel.

Pour les archéologues, l’occupation de l’Arctique commence sur la côte Nord de l’Alaska. Il y a environ 8000 ans de petits groupes ont commencé à migrer de la Sibérie vers l’Amérique du Nord en empruntant le détroit de Béring et en établissant de petites communautés de chasse et de pêche le long de la côte Nord-Ouest et en Alaska. Il y a quelque 4500 ans, le recul des glaciers dans le nord de l’Alaska a favorisé un nouveau flux migratoire dans la région. Des populations se sont donc retrouvées dans un environnement inconnu, où les mers gelaient solidement durant l’hiver, ce qui a ouvert la voie à la migration et à l’adaptation de diverses cultures, notamment celles dont sont issus les Inuit.

Les premiers groupes à arriver en Arctique, que les Inuit appellent les Sivullirmiut (les premiers habitants), sont connus chez les archéologues sous le nom de Paléoesquimaux. Au fil des millénaires, ces groupes ont migré entre l’Alaska et le Groenland sur les traces des migrations animales, à la recherche des zones riches en ressources qui assureraient leur survie. Parmi ces ancêtres de la première heure se trouvent les Tuniit, connus par les archéologues comme la culture de Dorset, qui sont arrivés dans l’Arctique canadien il y a quelque 2500 ans. Selon les légendes inuites, ceux-ci étaient un peuple robuste, farouche, qui usait de force brute et de techniques rudimentaires pour la chasse.

Inuit et vikings

Les premiers Européens à entrer en contact avec les Inuit (ou plus précisément avec les Tuniit) sont scandinaves. Erik le Rouge est un explorateur islandais (surnommé le rouge en raison de la couleur rousse de ses cheveux et de sa barbe). Banni d’Islande pour meurtre, il fonde la première colonie européenne au Groenland vers 980. Parti avec une flotte d’une trentaine de knörir, les bateaux vikings d’époque, il s’installe à Eystribyggð entre le cap Farewell et le cercle polaire. Les premiers colons sont au nombre de 45 et leur effectif s’élève par la suite à environ 5000. Ces colonies vikings ont disparu vers la fin du XVème siècle (probablement en raison de la détérioration du climat, de plus en plus froid). Les terres colonisées sont récupérées quelques centaines d’années plus tard par les inuit.

 

 

Contacts avec les explorateurs

L’histoire a surtout retenu que la première rencontre entre les Inuit et les Européens s’est produite en 1576, avec l’arrivée de l’explorateur britannique Martin Frobisher. Sa quête d’une voie arctique navigable jusqu’en Asie, le passage du Nord-Ouest, a continué de séduire l’imagination des Européens pendant les trois siècles suivants, nombre d’expéditions étant lancées dans le but de découvrir et de cartographier les îles de l’Arctique. L’intérêt des Européens pour l’Arctique a apporté des avantages et des inconvénients aux peules du Nord. Les produits nouvellement importés – métaux, tissus, armes à feu – ont permis aux Inuit d’accéder à un mode de vie plus diversifié sur le plan économique et, souvent, plus efficient. Les visiteurs sont toutefois aussi venus avec leur lot des maladies et une attitude colonialiste : ils désiraient voir les Inuit se conformer à la religion et aux façons de vivre européennes.

 

 

Des effets de la colonisation et de l’assimilation forcée

Les effets de la colonisation ont eu un impact grave sur la vie et la culture inuit. Les Inuit ont longtemps été soumis à des politiques qui imposent l’assimilation à un mode de vie « canadien ».  À partir des années 1930, le gouvernement canadien arrache les enfants du Nord à leur foyer pour les envoyer dans des pensionnats autochtones éloignés – où sont bannies la culture et les langues traditionnelles – écartant de ce fait encore davantage les Inuit de leurs coutumes et de leur histoire. Le dernier pensionnat autochtone du Canada fermera ses portes en 1996.  De nombreux témoignages (d’amérindiens et d’inuit) attestent des mauvais traitements subis par les pensionnaires de ces structures, comme celui de Lillian Elias:

 

” Les inuits ne pouvaient plus ni se déplacer ni chasser. Les Qallunaat les ont mis dans des maisons et exigé un loyer. Pour payer le loyer, il leur fallait l’aide sociale. Et pour y avoir droit, ils devaient scolariser les enfants. Les enfants partaient dans des pensionnats. On leur disait “fini la danse à tambour, fini le chant de gorge, fini le chamanisme. Vous irez à l’église. Vous apprendrez l’anglaise à l’école. Tout ce que vous avez appris ne sert plus à rien. Oubliez tout cela. Désormais, vous irez à l’école. Vous parlerez l’anglais. Vous gagnerez de l’argent, paierez des factures. C’est votre vie maintenant.” Ils font comme si c’était de l’histoire ancienne. Comme s’il fallait tourner la page, ne plus s’en faire. Mais le dernier pensionnat n’a fermé qu’en 1996. C’est très récent. (…) Puis j’ai appris ce que l’église avait fait subir à mon peuple. J’étais en colère et j’ai tout rejeté en bloc. Ce n’est que récemment que j’ai commencé à guérir. Je souffre de ce qui s’est passé et je sais que mes enfants ressentent ma souffrance (…) Il y a une barrière avec ma grand-mère. Elle ne parle pas anglais, et mon inuktitut…  Je comprends ce qu’elle me dit, mais je ne peux pas lui exprimer tout ce que je voudrais. Je fais de mon mieux, mais il y a cette barrière. (…) Les inuit sont comme ça, très humbles et très paisibles. Je veux transmettre tout ça à mes enfants. Je veux qu’ils soient fiers de leur identité, de leurs origines. L’église et le gouvernement ont tout fait pour qu’on ait honte de ce qu’on est. Je veux être fière.”

Charlotte Qamaniq, extrait du film Rouge Gorge, de Marie-Pascale Dubé

 

Après la Deuxième Guerre mondiale, l’Arctique connaît un afflux de gens venus du Sud, et les Inuit se rendent vite compte qu’ils deviennent rapidement des étrangers sur leurs propres terres. En 1971, un groupe de jeunes leaders inuit fonde l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK) pour devenir le porte-parole de tous les Autochtones du Nord et mieux représenter leurs intérêts communs (voir itk.ca). L’organisation entame les pourparlers sur les revendications territoriales dans le but de créer un territoire inuit autonome, un rêve qui se réalise avec la naissance du Nunavut en 1999. Les frontières de ce nouveau territoire sont tracées à l’issue d’un vaste projet de recherche géré par les Inuit, dans le cadre duquel on a recueilli des renseignements sur l’occupation traditionnelle des lieux, les territoires de chasse et l’utilisation des terres par le peuple. La richesse du matériel historique auquel aura donné lieu cette revendication territoriale suscite un vif sentiment de fierté et d’appartenance au sein de la population. Ce sentiment s’exprime encore dans les projets visant à faire retrouver à la jeunesse inuit ses antécédents de chasseurs et d’occupants des terres.

 

La question sensible de l’assimilation culturelle

L’appropriation culturelle consiste à emprunter quelque chose à la culture de l’autre sans son consentement. Il en va de l’utilisation des vêtements, de la musique, de la cuisine ou des savoirs traditionnels d’un peuple, ainsi que d’autres aspects de sa culture, sans son approbation. Pour les peuples autochtones au Canada, que ce soit les Indiens (plus souvent appelés les Premières Nations), les Inuit, ou les Métis, l’appropriation culturelle s’enracine dans le colonialisme et l’oppression. Beaucoup de symboles et de motifs emblématiques de la culture des peuples autochtones ont été utilisés pour des produits non autochtones, à des fins lucratives ou artistiques. On pense par exemple aux images stéréotypées d’Indiens dans la publicité, dans certains logos d’équipes sportives, dans certains romans…

L’appropriation culturelle est considérée comme néfaste pour plusieurs raisons. Le penseur et écrivain Niigaan Sinclair fait une différence entre appropriation et appréciation de la culture autochtone :  la première est « un vol s’appuyant sur le pouvoir et les privilèges » alors que la seconde est un « engagement fondé sur la responsabilité et l’éthique ».

 

Musiques des inuit

 

La musique des inuit est en lien direct avec leur environnement (imitations des sons de la nature, des animaux) et aussi avec leurs activités quotidiennes. On trouve ainsi des chants de fable destinés à calmer les enfants (mettant en scène entre autres des animaux), des berceuses destinées à les endormir. La place de la chasse et de la pêche est aussi primordiale car indispensable à la survie de la communauté. Dans les formes musicales, les danses à tambour et les chants de gorge sont majoritaires…

Chants de gorge et jeux vocaux 

Dans l’Arctique canadien, les chants de gorge pratiqués par les inuit sont regroupés sous le nom de katajjaq. Pratiqués exclusivement par des femmes (pendant que les hommes étaient à la chasse), ce sont des jeux vocaux faisant se succéder des sons voisés et non voisés (faisant vibrer ou non les cordes vocales), inspirés et expirés.  Le plus souvent, il s’agit d’un duo, ou plutôt d’un duel, d’une compétition sous forme de jeu entre les deux chanteuses, le but étant de tenir le plus longtemps possible (sans rigoler, sans tousser, sans abandonner).

 

Chants et danses à tambour:

Il s’agit d’un genre répandu de l’Asie jusqu’au Groenland.  A l’aide d’un bout de bois ou d’os, appelé Qatuk, les Inuit frappent sur les côtés du tambour en rythme. A l’origine, le tambour était constitué d’une peau de caribou tendue autour d’un morceau de bois d’environ un mètre de diamètre. Le tambour est aussi connu sous le nom de Qilaat. La position empruntée par le musicien d’alors est restée inchangée : il a toujours, de nos jours, les genoux légèrement pliés… pour pouvoir se balancer au rythme du tambour.

A l’origine, le but est d’amadouer les esprits pour qu’ils se mettent du côté des chasseurs pour garantir une bonne saison de chasse. Cela confère à ces danses et chants une  dimension rituelle, chamanique (je renvoie ici à l’excellent article La musique dans le chamanisme de Roberte N. Hamayon, cf bibliographie).

 

 

Lydia Etok et Nina Segalowitz

 

Lors du concert Chants du vivant, aux côtés des musiciens de l’Orchestre National de Bretagne, nous pourrons entendre deux chanteuses inuit, Nina Segalowitz et Lydia Etok .Vous pouvez découvrir leurs biographies en cliquant sur les hyperliens…

chanteuses inuites

Lydia Etok et Nina Segalowitz

Musiques de Bretagne

carte-pays bretons_1

 

Ressources en ligne:

Le site Mook.bzh propose des contenus et des quizz sur les instruments traditionnels de Bretagne, une histoire et évolution de la musique bretonne, et un focus sur le chant traditionnel en Bretagne.

Solenn et Plop, courts dessins animés éducatifs pour enfants, par BCD (Bretagne Culture Diversité), les épisodes 4, 5 et 9 concernent la musique et la danse.

L’épisode 11 de la saison 1 des “clichés bretons” par Bretagne Culture Diversité également, sur le fest-noz.
Les ressources en ligne de Dastum, bien sûr!

 

La technique du kan ha diskan

Chanter en kan ha diskan consiste à chanter une mélodie à deux ou plusieurs personnes sans qu’il y ait la moindre interruption de son entre le soliste et le chœur. Un premier chanteur interprète une première phrase mélodique sur laquelle vient se greffer, lors des derniers temps, un second chanteur, lequel en reprend seul l’exécution. Puis le premier chanteur, qui s’était tu durant la reprise de la première phrase par son acolyte, intervient à nouveau lors de la fin de cette phrase pour se confondre avec son partenaire avant d’enchaîner seul la seconde phrase. Le résultat sonore est une chanson dont les couplets sont interprétés alternativement par un ou plusieurs chanteurs, mais dont la fin de chaque phrase est scandée par la totalité des exécutants, au nombre réduit généralement à deux ou trois personnes.

Chaque chanteur, qu’il soit kaner (meneur) ou diskaner (répondeur) peut faire évoluer la mélodie au gré de son imagination, durant les passages où il est seul, pourvu qu’il retrouve son partenaire au bon moment et sur les bons appuis mélodiques.

 

Un autre exemple de kan ha diskan, enregistré en live en novembre 2010 lors du fest-noz géant du festival Yaouank à Rennes, et mené par 4 excellents chanteurs bretons : Yann-Fanch Kemener, Erik Marchand, Eric Menneteau et Christophe Le Menn (alias Krismen).

 

Gwerz et gwerziou

Pour en donner une définition simple, une gwerz est un chant breton qui raconte une histoire, depuis le fait divers jusqu’à l’épopée historique ou mythologique; il s’agit d’ un récit chanté, une forme de complainte, de ballade…

« […] il s’agit de pièces longues qui décrivent des faits divers tragiques à caractère local, qui montrent un important souci du détail dans les situations décrites et qui rapportent généralement avec une grande fiabilité le souvenir de noms précis de lieux et de personnes […] ».

Eva Guillorel, extrait de La complainte et la plainte

 

Le chanteur Erik Marchand fait une analyse détaillée d’une chanson emblématique de la musique bretonne (La gwerz de Skolvan, dans son interprétation par Madame Bertrand) sur une page du site de ressources sur les musiques modales développé par Drom développé par Drom (association et organisme de formation qui organise Kreiz Breizh Akademi).

Marthe Vassallo et Noluen Le Buhé

 

Lors du concert Chants du vivant, aux côtés des musiciens de l’Orchestre National de Bretagne et des deux chanteuses inuites, nous pourrons entendre deux des voix les plus réputées du chant traditionnel breton Nolùen Le Buhé et Marthe Vassallo.Vous pouvez découvrir leurs biographies en cliquant sur les hyperliens…

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Marthe Vassalot et Noluen Lebuhé

Bibliographie - Webographie

 

Bibliographie:

Musiques: une encyclopédie pour le XXème siècle (sous la direction de Jean-Jacques Nattiez), volume 3: Musiques et cultures, Editions Actes Sud, 2005

  • Jean Jacques Nattiez, L’invitation au voyage
  • Laurent Aubert, Les cultures musicales dans le monde
  • Roberte N. Hamayon, La musique dans le chamanisme
  • Nicole Beaudry, Musique et jeu, l’exemple des autochtones d’Amérique du Nord

Yves Defrance, “Le kan ha diskan, A propos d’une technique vocale en Basse Bretagne”, Cahiers d’ethnomusicologie, 1991

Jean Jacques Nattiez, La musique qui vient du froid: arts, chants et danses des inuit, PU Montreal, 2023 (cf visuel ci-dessous)

Webographie:

https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/inuit

https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/cultural-appropriation-of-indigenous-peoples-in-canada

https://espace-inuit.org/histoire-geopolitique/

Le contenu sur l’histoire des inuit est issu d’un dossier pédagogique “Une ressource éducative multidisciplinaire pour accompagner l’initiative Unikkausivut : Transmettre nos histoires”

Merci à Erwan Burban pour les recommandations de ressources en ligne sur la musique bretonne.

 

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