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Beethoven

Dossier pédagogique – La 10ème de Beethoven

D’abord pourquoi ce titre énigmatique, la 10ème de Beethoven? Car si Mozart a écrit 41 symphonies, Haydn 104, Beethoven en a quant à lui écrit 9, et non 10 ! Pour être plus précis, il a entamé l’écriture d’une 10ème symphonie, nous a laissé des ébauches, des esquisses fragmentaires (assemblées par le musicologue et compositeur Barry Cooper, dans un travail très hypothétique et controversé).  En réalité, l’œuvre que nous entendrons à l’Opéra de Rennes le 19 octobre 2023 est issue d’un ballet, le seul écrit par Beethoven, intitulé Les  créatures de Prométhée. Ce ballet est très rarement joué dans son intégralité et la danse, présente à l’origine, a été totalement perdue. Plutôt que de proposer un ballet sans danseur·euse·s , le chef d’orchestre Benjamin Lévy a arrangé l’œuvre de Beethoven en quatre mouvements, comme une suite symphonique. D’où le titre, la 10ème de Beethoven.

L’Orchestre National de Bretagne vous propose de découvrir ce programme avec vos classes, le 19 octobre 2023 à 14h30 à l’Opéra de Rennes, en présence du chef d’orchestre Benjamin Lévy, à la baguette et aux commentaires!

Vous trouverez dans cette page des ressources pour vous préparer à votre venue: une biographie de Beethoven (qui reprend les recherches menées par Nathalie Ronxin, qu’elle en soit ici remerciée), des éléments sur le mythe de Prométhée, des guides d’écoute ainsi que des pistes pédagogiques…

N’hésitez pas à me contacter pour toute question ou suggestion…

Bonnes découvertes et bon concert!

Hugo Crognier

Enseignant conseiller relais

hugo.crognier@ac-rennes.fr

Ludwig Van Beethoven (1770-1827)

 

Ludwig Van Beethoven est un compositeur, pianiste et chef d’orchestre, né le 15 ou 16 décembre 1770 à Bonn et mort le 26 mars 1827 à Vienne.

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Portrait de Beethoven composant la Missa solemnis, Joseph Karl Stieler, 1820

Prince, ce que vous êtes, vous l’êtes par le hasard de la naissance. Ce que je suis, je le suis par moi-même. Des princes, il y en a et il y en aura encore des milliers. Il n’y a qu’un Beethoven. 

 

C’est en ces termes que Beethoven s’adresse à son protecteur le Prince Lichnowski (cité dans Beethoven, Jean et Brigitte Massin, Fayard, 1988, p. 155-156).

Le hasard de la naissance a voulu que Beethoven voit le jour à Bonn en 1770, d’un père musicien à la chapelle de l’archevêché, (comme l’avait été son propre père) qui le forme à la musique, et lui fait enseigner piano, violon et orgue, tentant en vain de lui faire mener la carrière d’enfant prodige d’un Mozart.

Le jeune Beethoven trouve un maître et protecteur en la personne de Christian Gottlob Neefe, qui, outre le piano et l’écriture, lui transmet le goût des philosophes de l’antiquité ainsi que les idées républicaines. Il le remplace à l’orgue et devient dès 1782 organiste auprès de la chapelle du Prince Archevêque et se fait grâce à lui présenter aux personnalités influentes de la ville, dont il est bientôt le professeur de piano attitré.

 

 

 

En 1787, son séjour de formation à Vienne est interrompu par la mort de sa mère et il revient à Bonn pour veiller à l’état de son père alcoolique.

Il lui faut attendre 1792, et le soutien financier d’un Prince pour y retourner et s’y installer définitivement, n’ayant plus d’attaches à Bonn du fait de la mort de son père et du chaos politique généré par la présence des troupes françaises.

A Vienne, il trouve en Joseph Haydn, à la fois un maître et un rival. Malgré des relations difficiles, l’influence du maître de la symphonie sur son élève sera durable. Ainsi le comte Waldstein, premier mécène de Beethoven, s’adresse au jeune compositeur en ces mots dans un billet quasi prophétique :

 

 

 Cher Beethoven, vous allez à Vienne pour réaliser un souhait depuis longtemps exprimé : le génie de Mozart est encore en deuil et pleure la mort de son disciple. (…) Par une application incessante, recevez des mains de Haydn l’esprit de Mozart. 

 

Au tournant du nouveau siècle, il bénéficie de rentes annuelles octroyées par ses riches mécènes et, tandis que ses tentatives pour obtenir un poste fixe à la cour impériale restent infructueuses, sa relative aisance financière est toutefois pour lui synonyme d’indépendance.

Son horizon s’assombrit dès 1798, lorsqu’il est touché, comble de l’injustice pour un musicien, par les premières atteintes de la surdité. Mälzel, l’inventeur du métronome est également connu pour lui avoir confectionné des pavillons acoustiques. C’est pour calmer ses souffrances qu’il commence à se retirer régulièrement dans le village d’Heiligenstadt, à la périphérie de Vienne, dont le nom restera attaché dans l’histoire de la musique au testament du même nom, dans lequel il dévoile le traumatisme de sa surdité naissante à ses deux frères. Jamais envoyée, il fut retrouvé dans un tiroir secret après sa mort.

Ainsi, sa réussite sur le plan créatif et professionnel contraste avec des soucis de santé, des soucis familiaux mais également des déboires amoureux.

 

La fin de la crise d’Heiligenstadt ouvre la voie à une intense période créative durant laquelle il ne compose pas moins d’un opéra, un oratorio, une messe, six symphonies, quatre concertos, cinq quatuors à cordes, six sonates pour piano. La cinquième symphonie, écrite à partir de 1805, et achevée en 1808 est une jumelle véhémente de la sixième, dite Pastorale. Toutes deux furent d’ailleurs créées lors d’un concert fleuve le 22 Décembre 1808 à Vienne. Durant quatre heures dans une salle glaciale, Beethoven dut faire face à un orchestre peu préparé à ses exigences de démiurge. Le fiasco de la première n’empêchera pas la cinquième symphonie de marquer un tournant décisif dans l’histoire de la musique instrumentale, et lui permettra également d’être retenu par les mécènes viennois, alors qu’il menaçait de se mettre au service de Jérôme Bonaparte.

 

En 1815 Beethoven devient totalement sourd, l’obligeant à communiquer par carnets de conversation interposés. Une fois encore son volontarisme, par delà les obstacles semés sur son chemin, nourrit sa créativité : comme la plupart des grands compositeurs, c’est son oreille intérieure qui dicte ses compositions, et notamment celles parmi les plus innovantes de l’époque, donnant à croire qu’il écrivait à l’intention, non plus de ses contemporains, mais des générations futures. Culminent ainsi au panthéon de la modernité : la neuvième Symphonie, la colossale Missa solemnis ou bien encore les derniers quatuors et sonates pour piano.

 

De nombreux sites internet proposent par ailleurs des ressources biographiques d’une grande richesse sur Beethoven.

Je recommande tout spécifiquement la page sur le portail  Eduthèque de la Philharmonie de Paris.

Le mythe de Prométhée

 

Le mythe de Prométhée est vieux de près de 3000 ans. Il nous a été transmis par les auteurs de la Grèce antique, notamment Platon, Eschyle, Hésiode et Diogène.

Dans la mythologie, Prométhée est un titan, nom donné aux enfants d’Ouranos (le ciel) et de Gaia (la terre). Doués d’une grande force, les titans gouvernaient le monde avant d’être détrônés par les dieux à la suite d’une lutte colossale.

Zeus, maître de l’univers, demanda à Prométhée et à Epiméthée de munir les êtres vivants de moyens de se défendre et de se protéger. C’est Epiméthée qui fut en charge de cette répartition, en commençant par les animaux, à qui il attribua qualités et défauts. Mais celui dont le nom signifie « qui réfléchit trop tard » oublia les hommes qui se retrouvèrent nus et sans défense.

Prométhée le voleur de feu:

Bienveillant, Prométhée voulut que les hommes aient le feu, la connaissance des arts et de différentes techniques. Il se rendit aussitôt chez Athéna et la pria de le faire entrer secrètement dans l’Olympe, ce qu’elle lui accorda. Aussitôt qu’il y fut parvenu, il alluma une torche au char de feu du Soleil et il en détacha un morceau de braise incandescente qu’il glissa dans la tige creuse d’un fenouil géant. Puis, éteignant sa torche, il s’enfuit sans être aperçu pour revenir sur la terre. C’est ainsi que Prométhée vola le feu à Héphaïstos (le dieu du feu) pour en faire don aux êtres humains…

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Prométhée dérobant le feu, 1637, Jan COSSIERS, Musée du Prado

 

La colère de Zeus

Zeus, fou de colère, décida de se venger en créant la première femme, Pandore, qu’il offrit à Epiméthée. Celui-ci tomba éperdument amoureux de Pandore et l’épousa. Mais lorsque Zeus envoya une boîte qui ne devait être ouverte sous aucun prétexte, Pandore ne put résister et l’ouvrit. La boîte déversa alors la vieillesse, la maladie, la folie, le vice et la passion sur tous les hommes.

Mais Zeus ne s’arrêta pas là : il décida de punir également Prométhée. Il le fit enchaîner nu à un rocher dans les montagnes du Caucase, avec un vautour qui lui dévorait le foie le jour. La nuit, le foie se reconstituait pour être dévoré à nouveau la journée, éternellement.

 

 

 

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Prométhée supplicié, Rubbens et Snyders, 1618, Philadelphia Museum of Art

 

C’est après trente années de souffrances pour Prométhée, qu’Héraclès le délivra avec la permission de Zeus, en tuant d’une flèche le vautour qui lui dévorait le foie.

Voici une vidéo racontant le mythe de Prométhée…

 

Et une autre, plus longue, mieux illustrée, racontée cette fois par François Busnel…

Beethoven, une figure prométhéenne

 

Très fréquemment, Beethoven est associé à la figure de Prométhée. Georges Bizet, le compositeur de Carmen, qui plaçait Beethoven au dessus de tout autre compositeur, écrit en 1867 : “La symphonie avec chœurs est pour moi le point culminant de notre art. Ni Mozart, ni Weber, ni Meyerbeer ne peuvent, selon moi, disputer la palme au Titan, au Prométhée de la musique.”

Comme nous l’avons vu plus haut, Prométhée incarne celui qui vient aider l’humanité en souffrance (Catherine Salles, La Mythologie grecque et romaine). Dans la Théogonie, le titan est le bienfaiteur de l’humanité, en opposition à Zeus. Prométhée est celui qui, osant transgresser les limites posées par les Dieux, donne sensibilité et émotion aux hommes…

“Aimer la liberté par-dessus tout”

Quand il arrive à Vienne, le jeune Beethoven s’enthousiasme en entendant Euloge Schneider commenter la nouvelle prise de la Bastille. Il embrasse les idéaux de la Révolution française, et voit en Napoléon Bonaparte un symbole de cet idéal de liberté. Il lui dédie ainsi sa Symphonie n°3 (Grande symphonie, intitulée Bonaparte). Mais la proclamation de l’Empire fut pour lui une trahison et il détruisit la dédicace… Pour la postérité, la Troisième symphonie en mi bémol majeur op.55, créée en 1804, sera l’Héroïque”…

 

 

 

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Page de titre de la Symphonie n°3, dont la dédicace a été détruite par Beethoven

Les créatures de Prométhée

 

En 1801, le chorégraphe Salvatore Viganò (1769-1821), maître de ballet de la cour impériale de 1799 jusqu’à son départ pour la Scala de Milan en 1811, projette de monter à Vienne un spectacle rompant avec la tradition du ballet comme simple divertissement. Il souhaite y exprimer ses idéaux humanistes, et puise son inspiration dans la mythologie grecque. Il propose au jeune compositeur Ludwig Van Beethoven d’écrire la musique de ce “ballet héroïque et allégorique”, Les Créatures de Prométhée (Die Geschöpfe des Prometheus)

Le chorégraphe est alors célèbre. Beethoven est honoré et abandonne aussitôt tous ses projets en cours, dont sa Deuxième symphonie, et se consacre pleinement à ce nouveau projet. Il s’agit de la première musique de scène du compositeur (qui ne composa par ailleurs qu’un seul opéra, Fidelio).

Le ballet Les Créatures de Prométhée est créé le 28 mars 1801 au Burgtheater de Vienne. L’accueil est plutôt favorable, 28 représentations s’ensuivent.

Instrumentation:

L’instrumentation est relativement classique: on y trouve les bois par deux (2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 1 cor de basset, 2 bassons), les cuivres également (2 trompettes, 2 cors). Les timbales assurent les parties de percussions, et les cordes (violons I et II, altos, violoncelles et contrebasses). A noter, la présence d’un solo de harpe, ce qui est rare chez Beethoven.

 

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Focus #1 - Ouverture

 

L’introduction de l’ouverture, de tempo lent (Adagio) et en 3/4, débute majestueusement par quatre mesures d’accords fortissimo. Un thème se détache alors, dans la tonalité de Do Majeur et en nuance piano, énoncé par les hautbois et les cors, accompagnés par les cordes…

 

Cette ouverture suit le modèle classique de la forme sonate sans développement. L’exposition débute. Le contraste est saisissant. Tel Prométhée fuyant la colère des Dieux, les premiers violons s’engagent dans un thème haletant en croches piquées (notes très courtes).

Webographie / Bibliographie

 

Webographie

https://pad.philharmoniedeparis.fr/le-mythe-de-promethee-arts-et-musique.aspx

https://pad.philharmoniedeparis.fr/0819606-creatures-de-promethee-beethoven.aspx

https://pad.philharmoniedeparis.fr/0038954-biographie-ludwig-van-beethoven.aspx

http://www.lvbeethoven.fr/Oeuvres_Presentation/OuvertureCreaturesPromethee.html

 

Bibliographie

VIGNAL Marc, Dictionnaire de la musique, Larousse, 1999

MASSIN Jean et Brigitte, Ludwig van Beethoven, Fayard, 1967

BEETHOVEN Ludwig van, Les lettres de Beethoven, L’intégrale de la correspondance 1787-1827, Actes Sud, 2010

 

 

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Fiche pédagogique

La 10ème