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Dossier pédagogique – Irlande classique

Cap sur l’Irlande le vendredi 22 mars à 14h30 pour un nouveau concert scolaire de l’Orchestre National de Bretagne! Sous la direction de la cheffe d’orchestre franco-irlandaise Fiona Monbet, ce concert permettra de découvrir une autre facette du monde musical irlandais, avec une œuvre qui mettra à l’honneur le fiddle (violon irlandais) avec la soliste Athena Tergis. Pour l’occasion, l’ONB a également passé commande d’une nouvelle œuvre à Michael Gallen, l’un des compositeurs et interprètes les plus en vue de la scène musicale de Dublin. Une création dont vous serez les premiers auditeurs et auditrices ! 

Bonnes découvertes & bon concert!

Hugo Crognier

Enseignant conseiller relais

DRAEAC – Bretagne (Délégation régionale académique à l’éducation artistique et culturelle)

hugo.crognier@ac-rennes.fr

Repères géographiques / historiques

 

L’Irlande est un pays du nord ouest de l’Europe, une île dont la superficie représente environ 70000 km2 (480 km de long- 288 km de large). La capitale est Dublin, la plus grande ville du pays.

Le pays est divisé en quatre provinces : le Connacht à l’ouest, le Munster au sud, le Leinster à l’est et l’Ulster au nord. Ces provinces sont elles-mêmes divisées en comtés (en tout 26 comtés dans le pays).

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Je recommande ce lien pour connaître les grands jalons de l’histoire de l’Irlande.

 

 

Les instruments de la musique irlandaise

Certains instruments font partie de l’histoire de la musique irlandaise, d’autres sont venus s’ajouter au fil du temps…

 

La cornemuse: Uilleann pipes

uilleann pipe

 

L’histoire des cornemuses remonte à l’Antiquité. La plus vieille trace de cornemuse remonterait à 1500 av. Jésus Christ en Egypte. Selon les pays, la forme a évolué, la façon de jouer aussi. Le principe est simple : une poche gonflée d’air, qu’une pression du bras propulse vers un ou des bourdons, pendant que le sonneur pianote sur un manche (chalumeau) ressemblant à une flûte, en bouchant avec les doigts des trous correspondant à des notes. Au Moyen-Age, la cornemuse n’avait qu’un seul bourdon. Au fil du temps, elle en a adopté un deuxième, puis un troisième.

On trouve des cornemuses en Ecosse, en Bretagne (le biniou!), en Galice et Asturies, et évidemment dans le pays qui nous intéresse ici, en Irlande.

La cornemuse irlandaise s’appelle uilleann pipes ce qui signifie littéralement “cornemuse à coude” (uille = coude en gaélique). Le soufflet qui gonfle la poche d’air est en effet actionné par le coude (contrairement à d’autres cornemuses dont le sac est gonflé avec la bouche). Cet instrument est né à la fin du XVIIème siècle. On en joue assis (l’instrument est assez lourd et encombrant!).

Cet instrument est un emblème de la musique irlandaise.

 

 

 

La harpe

 

harpe irlandaise

 

La harpe est un instrument à cordes pincées, répandu dans le monde entier. Ses origines se confondent avec celles de la lyre, et elle est restée longtemps liée à la culture aristocratique. Née dans la haute Antiquité, vers le Moyen-Orient, elle a sans doute été popularisée dans le monde celtique par les missionnaires irlandais. C’était alors un petit instrument diatonique, sûrement pourvu de cordes métalliques, qui seront par la suite en boyau, puis en nylon. Détrônée par le luth, elle réapparaît au début du XVIIIème siècle, elle devient plus volumineuse, chromatique, et est utilisée dans la musique classique. La harpe classique possède 47 cordes (souvent le harpiste est le premier à arriver avant une répétition ou un concert pour s’accorder!)). La harpe celtique est répandue en Irlande, en Ecosse, au Pays de Galle et en Bretagne.

 

Le fiddle

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En anglais, le terme ” fiddle” désigne le violon populaire. On utilise jamais le terme violin pour une musique traditionnelle. C’est un des instruments les plus répandus sur l’île, et on en joue différemment selon la région (ornementations, coups d’archets plus ou moins appuyés, répertoires…). C’est un instrument parfait pour faire danser!

“Jamais je ne quitterai les montagnes du Donegal, d’autant qu’il y a ici un violon en chaque maison” 

John Doherty

 

Flûte et tin whistle

My most played High D Whistles in July of 2006.

 

Lorsqu’on parle de flûte en Irlande, on désigne souvent l’ancienne flûte traversière en bois. L’invention de la flûte métallique par les Allemands (Theobald Boehm dans les années 1830) a relégué les anciens instruments en bois dans le domaine de la musique traditionnelle populaire.

 

Le tin whistle est une petite flûte à bec fabrique en métal, fer blanc ou cuivre. On l’a parfois aussi appelée penny whistle car elle ne coûtait pas plus d’un penny ! Pas chère donc, facilement transportable, mais pas si facile à jouer!

 

Bodhran

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Le bodhran est un tambour sur cadre, comme on en trouve beaucoup à travers le monde, d’Afrique du nord jusqu’aux territoires Inuit ou Amérindiens. Couvert de peau de bouc, de forme circulaire, cet instrument est devenu un incontournable de la musique irlandaise depuis la moitié du XXème siècle. Il est joué en général à l’aide d’un petit bâton de bois avec lequel on frappe la peau avec une main, pendant que l’autre est utilisée pour varier la tension de la peau, mais on peut aussi jouer du bodhran directement à la main.

 

Accordéon 

L’accordéon est aussi très présent dans la musique irlandaise, les irlandais parlant souvent du box ou squeezbox (la boîte que l’on presse). On trouve aussi le concertina, petit instrument de la même famille de forme hexagonale, inventé en 1829 par un Anglais du nom de Wheatstone.

De la musique "classique" en Irlande

 

Quand on pense musique irlandaise, on pense d’emblée plutôt musique “traditionnelle”. On pense moins à la musique symphonique, orchestrale, dite “classique”, dont le répertoire en Irlande est pourtant aussi très riche. Je pose des guillemets car tous ces termes, “classique”, “traditionnel”, sont glissants, ambigus, et valent bien un premier point de terminologie.

 

Questions de terminologie

Le terme “classique” est pour beaucoup de gens aujourd’hui associé à la musique ancienne, contrairement à la musique actuelle, moderne.  Rappelons d’abord, inlassablement, que le terme “classique” renvoie à une époque précise dans l’histoire de la musique, entre 1750 et 1830 environ, l’époque de Mozart, de Haydn, et du premier Beethoven. Le classicisme musical suit l’époque baroque (1600-1750) et précède le romantisme du XIXème siècle.

Mais comme tous les grands jalons historiques, les dates des périodes sont posées à posteriori par commodité analytique. Les historiens et musicologues se fondent sur de grandes spécificités esthétiques pour définir des moments de bascule, des points de transition, qui peuvent évidemment être questionnés. On trouve par exemple des prémisses du langage musical classique avant 1750 et du “classique survival” à l’époque romantique… Comme le disait Vladimir Jankelevitch, ” tout n’est pas noir ou blanc, mais la vérité n’est pas dans le gris”!

Par extension, on désigne par musique “classique” la musique des grands auteurs de la tradition musicale occidentale (elle s’opposerait alors à folklorique, légère, de variétés). La musique classique est le plus souvent une musique de tradition écrite, qui suppose un apprentissage, une certaine érudition, la maîtrise du solfège, la connaissance des instruments et de leurs possibilités, la maîtrise des codes d’écriture musicale. Ainsi on l’appelle parfois “musique savante”, par opposition à “musique populaire”. Tout cela est bien schématique, surtout quand on sait combien la musique dite savante a puisé dans les mélodies populaires (et inversement). Le programme du concert que nous entendrons mettra l’accent sur des œuvres orchestrales qui puisent souvent leur inspiration dans le répertoire de musiques populaires et traditionnelles irlandaises.

Les distinctions terminologiques classique / traditionnel, savant / populaire, tradition écrite/orale, sont ambiguës et comportent de toute évidence des zones de frontières perméables.

 

Le Messie de Haendel à Dublin

Un moment fort dans l’histoire de la musique classique en Irlande est la création du Messie de Georg Friedrich Haendel, le 13 avril 1742 dans la nouvelle salle de Dublin, le Fishamble Street. Pour plus d’informations sur cet évènement, le site du magazine Diapason a publié un article. Lors de ce concert, Matthew Dubourg est à la baguette, il s’agit d’un violoniste et compositeur irlandais (1703-1767). Ci-dessous une copie manuscrite du Messie de Haendel.

 

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Lors d’un concert en 1742 sous la baguette du compositeur Haendel  lui-même, on raconte cette anecdote : Dubourg joue une cadence, dans laquelle il dérive très loin du thème, formant des modulations complexes à partir de celui-ci. Lorsqu’il reprend le thème original, Haendel lui dit : Vous êtes le bienvenu ici, M. Dubourg!

Charles Coffey (1700-1745)

Charles Coffey est un autre musicien et compositeur irlandais qui a notamment écrit des opéras ( The Beggar’s WeddingLe mariage du mendiant– en 1729, ou encore Devil Upon two Sticks, or the Country BeauLe Diable sur deux bâtons ou Le Beau pays en 1728).

 

Sean O Riada (1931-1971)

Sean O Riada est un compositeur et arrangeur irlandais né à Cork en 1931 et décédé à Londres en 1971.

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Musicien de formation classique, il était passionné de musique traditionnelle irlandaise et a écrit de nombreux arrangements pour orchestre symphonique. Dans cette vidéo, Sean O Riada évoque la richesse des mélodies traditionnelles irlandaises qui nous parviennent depuis des siècles par transmission orale…

En 1959, Sean O Riada compose la musique originale du film Mise Eire de George MORRISON.

 

 

Citons encore Garret Wesley (1735-1781) ou encore John Field (1782-1837), pianiste et compositeur.

Inishlacken de Bill Whelan

 

Bill Whelan

Bill Whelan est un compositeur irlandais né le 

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En tant que producteur en studio, il a aussi travaillé avec Van Morrison, Kate Bush, Richard Harris, The Dubliners, Planxty, Andy Irvine, Davy Spillane et le groupe bulgare/irlandais East Wind. Sa musique de film comprend les musiques de Dancing at Lughansa  avec Meryl Streep, Some Mother’s Son avec Helen Mirren et  Lamb  avec Liam Neeson.

Ses compositions musicales d’œuvres littéraires d’écrivains irlandais ont été largement interprétées au pays et à l’étranger et comprennent la poésie de WB Yeats, Paul Muldoon, Derek Mahon, Tom McIntyre, Frank McGuinness et Paul Durcan.

La Suite Connemara, une trilogie de pièces composées pour orchestre de chambre a été créée au Carnegie Hall par l’Irish Chamber Orchestra en mars 2005. Bill Whelan a été chargé par RTÉ Lyric FM d’écrire un concerto pour flûte pour Sir James Galway en 2014. Intitulé Linen & Lace,  il a été interprété par l’Irish National Symphony Orchestra puis par le Chicago Symphony Orchestra.

 

Inishlacken

Bill Whelan est le compositeur de Inishlacken, un concerto pour deux violons (un de style classique et un traditionnel) qui sera joué lors du programme Irlande classique avec l’Orchestre National de Bretagne.

Inishlacken doit son nom à une île au large de la côte de Galway (photo ci-dessous) et a été inspiré par la vie dans le Connemara et par de nombreuses visites sur cette île aujourd’hui quasiment déserte.

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Instrumentation: orchestre à cordes (violons I, violons II, altos, violoncelles et contrebasses) + 2 solistes (violon classique et fiddle).

 

Focus #1 - Mouvement 1 - The currach

 

Le premier mouvement imagine un voyage à Inishlacken. Le début de ce mouvement est énergique, et porte en lui l’excitation de l’aventure et du voyage… Ce mouvement porte le titre The currach, qui désigne une barque irlandaise à rames et en bois.

 

Une pause dans le mouvement nous ouvre les grands espaces du Connemara. On pense aux magnifiques montagnes des Twelve Pins (Douze pins) situées au cœur de cette région irlandaise.

Les violoncelles et altos posent le décor, bientôt rejoints par les violons et contrebasses à l’arrivée du violon solo. Le guide audio qui suit donne à entendre ce passage et permet de bien distinguer les différences de son et de caractère entre le violon classique (solo Vl 1) et le violon fiddle (Zoé Conway). Les deux violons sont réunis à la fin de l’extrait dans une superposition des deux thèmes mélodiques joués précédemment par chaque soliste…

 

 

 

Voici ce premier mouvement dans son intégralité…

Focus #2 - Mouvement 2 - The Island Terns

 

Dans le deuxième mouvement, les deux solistes font partie de la faune d’Inishlacken. À l’arrivée de l’été, l’île accueille de nombreuses sternes revenant de leur migration hivernale. La sterne est un oiseau palmipède blanc/gris à calotte noire vivant en colonie en bord de mer. The Island terns, les sternes de l’île, est le titre de ce second mouvement.  Les deux violons semblent imiter le vol tourbillonnant de ces oiseaux marins agités…

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Focus #3 - Mouvement 3 - Evening Céilí

 

Un Céilí est un bal de danse traditionnelle irlandais. À l’origine, le mot céilí désignait, dans le nord de l’Irlande, une réunion de voisins dans une maison, en soirée, où l’on discutait et où l’on échangeait des nouvelles. On en trouvait dans les villes et les villages, sur les places publiques. Dans les céilithe irlandais modernes, la danse tient une place très importante, soit en danse en couple ou en ensemble. Ces sessions sont animées par des groupes de musiciens appelés céilí band.

Come son titre l’indique (Evening Ceili, qu’on pourrait traduire par bal nocturne), le dernier mouvement évoque donc une soirée à Inishlacken, d’abord dans le calme, sous un coucher de soleil tranquille…

 

Après le calme et l’apaisement du début de soirée, place à la musique et la danse !  Le violon fiddle solo lance le mouvement, rejoint progressivement par le violon classique , puis tout l’ensemble à cordes…

 

Voici le troisième et dernier mouvement de Inishlacken de Bill Whelan, dans son intégralité:

Bád ón Alltar de Michael Gallen

 

Lors du concert du mois prochain, nous entendrons également la création d’une œuvre commandée au compositeur Michael Gallen par l’Orchestre National de Bretagne et the Ulster Orchestra and the Irish National Symphony Orchestra.

 

Michael Gallen

Il est né à Monaghan sur la frontière entre l’Irlande du nord et l’Irlande du sud. Il est compositeur, songwriter et chanteur. Il a commencé son parcours de musicien comme chanteur dans des groupes de rock (groupe Anagog). Il a notamment écrit des morceaux pour le RTE Concert Orchestra et le chœur d’enfants Cór na nÓg, le Chamber Choir Ireland, Crash Ensemble ou encore le quatuor à cordes ConTempo.

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Bád ón Alltar

Le titre de l’œuvre que nous allons entendre en exclusivité mondiale est Bád ón Alltar. Il n’existe donc aucun enregistrement à ce jour… Elle comporte trois mouvements (Mouvement I: Duan, Mouvement II: Bád ón Alltar, et Mouvement III: Anall) et dure approximativement 22 minutes.

Cette nouvelle oeuvre de Michael Gallen  a été écrite pour orchestre symphonique, quatre voix et ensemble de musique traditionnelle.

Voici l’instrumentation précise figurant sur le conducteur:

 

instrumentation Bad on Alltar

Bibliographie / Webographie

 

Bibliographie

BOURS Etienne, La musique irlandaise, Les chemins de la musique, Fayard, 2015

DEBAUSSART Emmanuelle, Les musiques celtiques, Librio Musique, 1999

 

Webographie

https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/en-pistes/la-musique-en-irlande-des-annees-1750-a-1770-3188664

https://www.centreculturelirlandais.com/en-ce-moment/artistes-en-residence/michael-gallen