Felix Mendelssohn donnant un concert chez Goethe, en présence de Zelter. Gravure sur bois d’après le tableau de Woldemar Friedrich
Dans des lettres du 6 et du 10 novembre 1821 adressées à ses parents, Félix Mendelssohn écrit:
« J’ai joué devant Goethe des fugues de Bach et des improvisations pendant plus de deux heures, raconte la garçon à ses parents. […] Je fais beaucoup plus de musique ici qu’à la maison. Je joue généralement quatre heures de suite, parfois six, et même huit. Chaque jour, après dîner, Goethe ouvre le piano en disant: «Je ne t’ai pas encore entendu aujourd’hui. Fais-moi un peu de bruit. »
Subjugué par le génie du jeune Mendelssohn, qu’il compare à Mozart, le poète septuagénaire l’invite à revenir au plus vite.
Vœu exaucé l’année suivante quand la famille Mendelssohn fait halte à Weimar sur le chemin de retour de leur premier séjour suisse. En 1825, lors d’une nouvelle visite à Weimar, Félix dédie son Quatuor pour piano et cordes en si mineur op. 3 à Goethe, en signe de l’amitié.
Jusqu’à la mort de Goethe, les deux artistes se rencontreront régulièrement à Weimar. Leur ultime rencontre date de 1830, alors que Félix Mendelssohn, maintenant jeune adulte, est sur le chemin de l’Italie. Plusieurs lettres datent de ce séjour, dont celle-ci, à ses parents, datée du 25 mai 1830:
” Goethe est pour moi si bon, si affectueux que je ne sais comment l’en remercier […] Avant midi, je dois, pendant une petite heure, lui jouer sur le piano des morceaux de divers grands compositeurs, par ordre chronologique, et lui expliquer comment ils ont fait progresser l’art. Pendant ce temps-là, il se tient assis dans un coin, sombre comme un Jupiter tonnant, et ses yeux lancent des éclairs.”