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Dossier pédagogique – Dans le port de Rotterdam

 

Nous ouvrons l’année 2024 avec un concert scolaire le vendredi 12 janvier au Couvent des Jacobins à Rennes. Nous entendrons la Symphonie n°2 en Do Majeur de Robert Schumann. Arie Van Beek, chef d’orchestre hollandais qui a grandement contribué au rayonnement artistique de la ville de Rotterdam, sera à la direction. La musicologue Camille Villanove assurera les commentaires. 

Dans cette page, vous trouverez des liens vers de ressources biographiques sur Robert Schumann, vie que nous découvrirons par le prisme de sa relation avec Clara Schumann. Dans quel contexte a-t-il  composé sa Deuxième symphonie en 1845-1846 ? Vous pourrez vous plonger dans les moments clés de cette œuvre grâce à des petits guides d’écoute…

Bonnes découvertes, bon concert, et d’ici là je vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année!

Hugo Crognier

Enseignant conseiller relais

DRAEAC – Bretagne (Délégation régionale académique à l’éducation artistique et culturelle)

hugo.crognier@ac-rennes.fr

 

Robert Schumann (1810-1856)

 

Robert Schumann est un compositeur romantique né le 8 juin 1810 à Zwickau (en Saxe) et mort en 1856 à Endenich.

Après de courtes études de droit, Robert Schumann veut devenir concertiste mais, en cherchant à développer sa virtuosité par des moyens techniques, il se paralyse deux doigts de la main droite. Cet événement compromet sa carrière et déclenche une profonde dépression qui évolue rapidement vers la maladie mentale. Il se réfugie dans la composition, et fonde aussi un journal de critique musicale. Dans ses articles, il alterne éloges poétiques et analyses rigoureuses, signant ses écrits de deux pseudonymes: Eusébius le rêveur et Florestan le passionné.

Pour davantage de ressources sur la biographie de Robert Schumann, je recommande les liens suivants:

Portrait sur la page du site Eduthèque- Philharmonie de Paris

Portrait sur le site Musicologie.org

Emission Musicopolis sur France musique (podcast en 5 volets Schumann à Leipzig en 1843)

 

 

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Clara et Robert Schumann

 

«Chacune de tes pensées provient de mon âme, de même que je te dois toute ma musique (…) La postérité doit nous regarder comme un seul cœur et une seule âme» -Robert Schumann, écrivant à Clara en 1839)-

 

Robert Schumann rencontre Clara Wieck chez le Dr Ernst Carus le 31 mars 1828. Elle est alors accompagnée de son père, le professeur de piano le plus renommé d’Allemagne, Friedrich Wieck. Clara a alors neuf ans , et elle est la preuve vivante de l’excellence de l’enseignement de son père.

Grâce à la recommandation d’Agnès Carus (la femme du docteur, dont Schumann fut très amoureux), Wieck accepte d’entendre le jeune Schumann et de lui donner des cours à partir du mois d’août. C’est le tournant de sa vie.

En octobre 1830, Schumann s’installe chez son professeur Friedrich Wieck (ci-contre) et se lance à corps perdu dans le travail du piano. L’apprentissage est toutefois long et difficile avec ce professeur exigeant et autoritaire.

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Pendant son séjour chez Wieck, une tendre affection est née entre Schumann et Clara, la fille de son professeur, qui mène une carrière de pianiste virtuose. Peu à peu, ils ont grandi, se sont découverts, observés, écoutés, appréciés. En avril 1835 (Robert a 25 ans et Clara 16 ans), Clara revient d’un séjour à Paris, et Schumann prend soudain conscience de ses véritables sentiments.

«Je me rappelle encore comment je te vis la première fois à midi. Tu me parus plus grande, plus étrangère. Tu n’étais plus une enfant avec qui j’aurais pu rire et jouer, tu disais des choses raisonnables et dans tes yeux je vis briller un secret et profond rayon d’amour»

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La passion grandissante des deux amants rencontre pourtant un obstacle de taille: Wieck, dont les talents virtuoses de sa fille font la fierté, ne voit pas d’un bon œil cette union qui, à coup sûr, mettra un terme à la carrière de Clara. Il s’oppose formellement à tout mariage et interdit toute liaison avec Schumann.

Clara, déchirée entre son amour pour le jeune homme et le respect dû à son père, obéit docilement à l’autorité paternelle et repart en tournée. Schumann sombre dans le désespoir et trouve à nouveau refuge dans la composition (les Fantasiestücke op.12, les Kreisleriana op.16, la Fantaisie op. 17 dédiée à Liszt…) et dans le soutien inconditionnel de ses amis, en particulier Felix Mendelssohn.

Finalement, en 1839, Robert et Clara font appel à la justice pour contrer l’opposition du père. Tiraillé entre la joie d’un futur mariage et la perspective d’un procès qui s’annonce difficile, Schumann épanche ses sentiments dans ses premiers lieder. C’est un véritable flot créatif, avec plus de 130 lieder composés en 1840, dont les Liederkreis op.39, les Amours du poète op.48… Schumann porte le genre à la perfection, réalisant une union totale entre le piano et la voix, entre la poésie et la musique.

Le procès est mouvementé mais le mariage est finalement autorisé, et les deux amants échangent leurs vœux le 12 septembre 1840.

Installés à Leipzig en cette année 1840, les jeunes époux mènent une vie modeste, partageant le bonheur d’une vie immergée dans la musique. C’est le lendemain de leur mariage, jour des 21 ans de Clara, que Robert commence leur Ehetagebuch, journal conjugal à deux plumes, selon une alternance hebdomadaire.

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En 1844, Robert cède au désir de Clara de partir pour une tournée en Russie de janvier à mai. «Bien sûr, il l’accompagne, mais à contrecœur, d’autant qu’il est obligé d’abandonner momentanément sa revue, ses cours, et surtout la composition. De surcroît, en Russie, il prend froid, et surtout il a beaucoup de mal à supporter les succès de sa virtuose de femme dont il n’apparaît que… le mari!» (DUAULT Alain, Robert Schumann, Actes sud classica, 2010, p.87).

A l’automne 1844, les époux décident de quitter Leipzig pour s’installer à Dresde. De nouveaux enfants sont nés: après Marie en 1841, il y a eu Élise en 1843, puis Julie en 1843. Les époux Schumann auront en tout huit enfants. Clara donne moins de concerts, ne compose plus beaucoup pour se consacrer à la vie familiale. Bien que poussée par Robert, Clara craint de le décevoir et n’écrit de la musique pour lui qu’à Noël et lors de ses anniversaires.

Lorsque Hiller quitte Düsseldorf en 1850, il propose à Schumann de lui succéder à la direction de l’orchestre de la ville. Sans hésiter, la famille laisse les rives de l’Elbe pour rejoindre celles du Rhin. Là, Robert retrouve un peu de sérénité et de répit dans ses crises, poursuit ses compositions.

Mais son état continue de se dégrader inexorablement. En 1854, Schumann est à nouveau assailli par ses troubles habituels. Hanté par l’idée de devenir fou et de représenter un danger pour sa famille, il demande à être interné. Le matin du 27 février, il se jette dans le Rhin. Sauvé par des bateliers, il est conduit à l’asile d’Endenich, près de Bonn. Là, il reçoit des visites de Brahms et de Joachim, et semble garder l’espoir d’une prochaine guérison. Mais le compositeur finit par refuser toute visite et cesse de se nourrir.

Le 27 juillet 1856, alors que son état est critique, Clara accourt à son chevet. Schumann la reconnaît et l’étreint une dernière fois. Il s’éteint le 29 juillet.

 

Clara fait des tournées en Allemagne, en Angleterre, en Écosse. En 1878, elle devient professeur de piano au conservatoire Hoch de Francfort. Elle meurt le 26 mars 1896, et est enterrée au vieux cimetière de Bonn, avec son mari.

Symphonie n°2 en Do Majeur

« Je crains qu’on puisse deviner mon état de fatigue en écoutant cette musique. J’ai commencé à devenir un peu plus moi-même au cours de la rédaction des derniers mouvements et j’étais certainement en meilleure forme à l’achèvement de mon œuvre. Cela me rappelle une période sombre de ma vie. » (Robert Schumann, dans une lettre adressée à un ami)

Robert Schumann compose cette symphonie entre décembre 1845 et octobre 1846, après une première période dépressive. Schumann a 36 ans, il ne lui reste que 10 ans à vivre. L’écriture est difficile, souvent interrompue par des crises d’angoisse et par des acouphènes. L’œuvre est dédicacée à Oscar II, roi de Suède et de Norvège. Sa première audition publique fut donnée le 5 novembre 1946 au Gewandhaus de Leipzig, sous la direction de Felix Mendelssohn (qui avait également dirigé la première audition de la symphonie No 1). Le succès est total.

Instrumentation: Bois par deux (2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons), Cuivres (2 cors, 2 trompettes, trombones alto/ténor, trombone basse), Percussions (timbales en do et en sol), Cordes (violons I, violons II, altos, violoncelles, contrebasses).

L’instrumentation est dans l’ensemble classique, même si on observe la présence des trombones, qu’on ne trouve pas dans les symphonies classiques des orchestres type Mozart (aucun trombone dans les 41 symphonie de Mozart -mais on en trouve dans son Requiem). En cela, l’instrumentation de la Symphonie n°2 de Schumann préfigure l’orchestre symphonique romantique de Berlioz, Brahms ou encore Bruckner,  avec cette tendance à exploiter davantage les instruments les plus graves dans l’orchestre (clarinette basse, contrebasson etc.).

Forme: La symphonie comprend quatre mouvements.

1- Sostenuto assai – Allegro ma non troppo

2- Scherzo – Allegro vivace

3- Adagio espressivo

4- Allegro molto vivace

 

Ci-dessous un manuscrit de la Symphonie n°2 de Schumann.

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Premier mouvement

Les extraits audio entendus dans les guides d’écoute proviennent de la version du Wiener Philharmoniker dirigé par Leonard Bernstein en 1985/1986 (chez Deutsche Grammophon).

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Sostenuto assai

Cette symphonie débute par une longue et lente introduction. Un appel des cuivres, avec un saut de quinte, aux cors, trompettes et trombone alto, ouvre le premier mouvement, tandis qu’une mélodie souterraine, sinueuse se déploie aux cordes. Il est assez rare de débuter ainsi une symphonie avec une ligne mélodique principale aux cuivres…

 

A la fin de cette introduction, une mélodie jouée par les Violons I assure la transition vers la partie suivante…

 

 

Allegro ma non troppo

Après cette longue introduction, nous voici arrivés dans un passage Allegro ma non troppo, qui débute à la mesure 50. De tempo plus rapide (144 à la noire), en 3/4, il présente au départ une formule rythmique caractéristique, et un mode de jeu aux cordes en tremolo. On appelle tremolo en musique le fait de répéter une note, ce qui a pour effet de la rendre plus expressive.

 

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L’alternance entre les sons répétés du tremolo peut être écrit en notes réelles (croches, doubles croches ou triples croches), mais on peut aussi utiliser une abréviation (deux ou trois barres qui coupent les hampes des notes, ou bien notées au dessus si elles n’en ont pas).

Deuxième mouvement

 

Le second mouvement est un scherzo, que Schumann place entre l’Allegro initial et l’ Adagio (comme Beethoven dans sa Neuvième symphonie). Ce mouvement est énergique, et la virtuosité des premiers violons est mise à contribution dès le départ avec des cascades de doubles croches…

Troisième mouvement

Le troisième mouvement, Adagio espressivo, contient sans doute certaines des plus belles pages symphoniques de Schumann. Cet Adagio espressivo, intense et tragique, présente d’abord un long thème, lyrique, aux violons, bientôt repris par les hautbois et accompagné par les bassons…

Bibliographie - Webographie

 

BIBLIOGRAPHIE

MICHELS Ulrich, Guide illustré de la musique, Volumes I et II, Fayard, 1990
TRANCHEFORT François-René, Guide de la musique symphonique, Fayard, 1986
GOUBAULT Christian, Vocabulaire de la musique romantique, Minerve, 1997
SCHUMANN Robert et Clara, Journal intime, Buchet/Chastel, 2009
DUAULT Alain, Robert Schumann, Actes sud Classica, 2010
BLONDET Sandrine, Schumann, Éditions Jean-Paul Gisserot, 1999
BOUCOURECHLIEV André, Schumann, Éditions du Seuil, 1995
BEAUFILS Marcel, La musique pour piano de Schumann, Phébus, 1979
REICH Nancy B., Clara Schumann, the artist and the woman, Conell University Press, 1985

 

WEBOGRAPHIE

https://pad.philharmoniedeparis.fr/0038265-robert-schumann.aspx

https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/stars-du-classique/une-heure-un-compositeur-robert-schumann-6896643

https://www.francemusique.fr/emissions/la-chronique-de-julie-depardieu/la-chronique-dejulie-depardieu-du-mardi-02-avril-2019-70551

http://edutheque.philharmoniedeparis.fr/doc/CIMU/0998285/integrale-des-symphonies-etconcertos-de-robert-schumann-chamber-orchestra-of-europe-yannick-nezet-s

http://www.rene-gagnaux.ch/dohnanyi_christoph_von/schumann_symphonie_no_2_1966.html