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Richard Wagner
(1803-1869)
Wesendonck-Lieder N°1, 3 et N°5
I. Der Engel (l’Ange)
II. Im Treibhaus (Dans la serre)
III. Träume (Rêves)
Date de composition : 30 novembre 1857 au 1er mai 1858 (version pour piano et voix). Orchestration de Träume, par Wagner en 1857 (les quatre autres mélodies le furent par Felix Mottl, en 1893). Date de création de Träume, le 23 décembre 1857, à Zurich.
Entre 1857 et 1858, Richard Wagner composa cinq lieder pour voix de femme avec accompagnement de piano, sur des poèmes de Mathilde Wesendonck (1828-1902). Ces lieder, qui prirent le nom du recueil, furent révisés par la suite. Wagner n’orchestra que le dernier lied, Träume et les quatre autres partitions le furent ultérieurement, par le chef d’orchestre Felix Mottl (1856-1911).
Ces pages n’étaient pas les premières que le compositeur dédiait à l’épouse du riche négociant en soie, Otto Wesendonck. En 1853, il lui avait en effet déjà offert une Sonate pour piano, révélant sa passion amoureuse pour la jeune femme. En 1857, Wagner et sa femme s’installèrent dans un faubourg de Zurich, dans une petite maison sur le domaine des Wesendonck. Le compositeur achevait alors le livret et commençait à composer son opéra Tristan et Isolde dont la création en 1865. Il trouva le temps de composer les cinq lieder à « son ange qui avait su l’élever à des hauteurs vertigineuses » au fur et à mesure que Mathilde lui apportait les textes. L’idylle s’acheva brutalement en 1858 lorsque l’épouse du compositeur, Mina Wagner, découvrit une lettre de Mathilde destinée à Richard. Otto Wesendonck en prit connaissance. La crise qui s’ensuivit provoqua la rupture entre Wagner et son épouse. À la fin de l’année 1858, le compositeur partit s’installer à Venise.
Les Wesendonck Lieder surgissent dans l’univers musical de Wagner au moment de la composition de Tristan et Isolde dont l’œuvre marque l’évolution de son écriture vers un nouveau théâtre lyrique. L’influence des écrits d’Arthur Schopenhauer (1788-1860) l’incite à travailler dans une voie plus personnelle qui met en valeur la prosodie allemande au service d’une “mélodie infinie”.
Wagner modifia l’ordre des lieder afin de donner au cycle une progression dramatique. Ils sont comme murmurés, à un tempo relativement lent. Ils mettent moins en valeur les mots que l’atmosphère générale du poème.
Julie Boulianne se confie à propos de cette partition : « Ce sont les seules œuvres de Wagner que j’interprète et mes premiers Wesendonck-Lieder en concert. La partition est admirablement bien écrire pour la voix au point qu’il ne faut jamais oublier le texte et ne pas se laisser porter uniquement par la musique ! »
Le premier des lieder, Der Engel (“L’Ange”) évoque le doux balancement des accords de Lohengrin.
Le troisième lied, Im Treibhaus (“Dans la serre”), puis le cinquième, Träume (“Rêves”) sont intimement liés à l’écriture de Tristan et Isolde, au point que le compositeur les appela ses “études pour Tristan”. Wagner joue sur le principe du leitmotiv qui révèle la dimension cyclique des vers et impose à tout le cycle, une unité qui n’existait pas. Träume évoque l’Invocation à la nuit, le duo d’amour de l’acte II. Le climat est suspendu sur des accords répétitifs qui allongent le temps d’une manière envoûtante. La ligne mélodique se restreint et « sombre dans le tombeau » pour reprendre le dernier vers du poème Träume.