Clara Wieck – future Madame Schumann – connut une vie rêvée… pour tout romancier ! Enfant prodige, malmenée par un père despotique, elle vécut dans la lumière de deux génies, Robert Schumann et Johannes Brahms, dont on ne saura probablement jamais avec certitude, les liens réels qu’elle entretint avec ce dernier.
Luttant violemment contre son père, farouchement opposé à son union avec Robert Schumann puis menant de front, une vie de concertiste internationale mais aussi de compositrice tout en élevant huit enfants, Clara Schumann affronta la tragédie de la maladie de son époux. Elle poursuivit sa carrière de soliste jusqu’en 1891. Outre la connaissance parfaite des œuvres de son époux, elle possédait un vaste répertoire magnifié par une technique pianistique qui fit l’admiration de Liszt et de Goethe. En l’entendant pour la première fois, ce dernier s’exclama : « Cette jeune fille a plus de force que six garçons réunis ! ».
L’œuvre de Clara Schumann n’a été jouée de manière exhaustive que récemment. Une vingtaine d’opus seulement composent son catalogue dans lequel les influences de Robert Schumann, mais aussi de Beethoven, Schubert et Mendelssohn n’occultent pas la forte personnalité de la compositrice. Le sentiment romantique de la passion tumultueuse, ainsi qu’une virtuosité parfois impressionnante dépassent, dans son écriture, le pur exercice de style.
Dédiées « à mon époux bien-aimé, pour le 8 juin, ce nouvel et pauvre essai de sa vieille Clara », les huit Variations furent composées en 1853 et offertes le jour de l’anniversaire de Robert Schumann. Il souffrait alors des douleurs mentales de plus en plus violentes et qui allaient se doubler, quelques semaines plus tard, de troubles de la parole. LesVariations op.20 représentent probablement, le sommet du catalogue de Clara Schumann, au point que Brahms utilisera à son tour le même thème. Il est extrait des Bunte Blätter op.99 n°4 de Robert Schumann. De ces variations de Clara émane une profonde gravité, un mélange de tendresse et d’angoisse, un questionnement aussi dans la dernière pièce, comme si la femme et l’artiste à la fois s’interrogeait sur l’avenir. Son époux lui répondra quelque temps plus tard par ses Chants de l’aube. Comme des adieux partagés…
A lire
« Clara Schumann » par Brigitte François-Sappey (éditions Papillon, coll Mélophiles, 2001).