(1732 – 1809)
A lire : « Joseph Haydn » par Frédéric Gonin (ed. Actes Sud / Classica, 2014)
La symphonie en ré mineur Lamentatione porte aussi le titre de Symphonie Passio et Lamentatio, révélant ainsi des éléments empruntés à la Passion chrétienne et, plus particulièrement, à la Semaine Sainte. L’œuvre aurait été composée après 1765.
Elle s’ouvre par un Allegro assai con spirito qui surprend par la vivacité de ses syncopes, les changements incessants de rythmes. Le caractère passionné, l’urgence des tempi doivent saisir l’auditeur. La partition est révélatrice du style Sturm und Drang, un courant littéraire et un mouvement politique refusant les conventions sociales et, par extension, prônant la plus grande liberté dans l’expression artistique. Haydn utilise une mélodie connue dans la musique d’église car elle illustre les paroles de l’Evangéliste.
L’Adagio emprunte à son tour une autre mélodie liturgique portée par le dialogue entre les seconds violons et le hautbois. Le rythme, à la basse, est un mouvement régulier, faisant songer à la marche de pèlerins. Celle-ci devient plus grandiose encore avec l’entrée des cors.
Le choix d’un Menuet, comme finale peut étonner. Il s’agit, en effet, d’une danse plutôt galante qui se place juste avant la conclusion de l’œuvre. Cette symphonie étant en trois mouvements, le Menuet est porté par une force expressive inédite et qui dut choquer les auditeurs. Haydn n’est pas à une surprise près, jouant des contrastes extrêmes, de l’ambiguïté des rythmes et des modulations. Il compose une partition pour le moins oppressante et qui se referme dans une atmosphère étouffée.