(1835 – 1921)
A Lire : « Saint-Saëns » par Jacques Bonnaure (Ed. Actes Sud / Classica).
Saint-Saëns possédait ce que l’on nomme le génie de l’élégance. Pianiste prodige (à cinq ans, il se plongeait dans l’analyse harmonique de la partition d’orchestre du Don Juan de Mozart), organiste admiré de Liszt (« Saint-Saëns est le plus grand organiste vivant »), déchiffreur à vue subjugant Wagner, chef d’orchestre de talent, pédagogue d’exception, il fut tout cela à la fois. Mais plus encore : Voyageur impénitent, génial touche-à-tout, passionné de peinture, d’archéologie, de philosophie, d’entomologie, de botanique, correspondant de revues scientifiques, membre de la Société française d’astronomie… Il aima les honneurs et devant tant de facilités et de talents réunis, nombre de musiciens ne manquèrent pas de le juger avec sévérité, critiques dont son esprit sarcastique s’arrangea fort bien ! Hector Berlioz eut ce mot si délicieusement révélateur : « Il sait tout, ce jeune homme ; il ne lui manque que de l’inexpérience…»
Composée en 1859, la Seconde Symphonie, peut se concevoir comme un hommage au classicisme viennois, celui de Haydn, mais aussi du jeune Beethoven. Le premier mouvement – Adagio marcato, allegro appassionato – est franc, incisif avec ses entrées de voix dans la fugue, qui sont inspirées par une énergie bouillonnante.
Pétillant d’intelligence et de finesse, le mouvement lent, Adagio, tient davantage de la sérénade ou du nocturne. Le Scherzo (presto) libère un sens puissant du rythme avec une carrure qui annonce, avec deux décennies d’avance, la fantaisie et la fougue rude des ouvertures de Brahms. Quant au finale, Prestissimo, il faut nous tourner vers la virtuosité bondissante de la Symphonie Italienne ou bien du Songe d’une Nuit d’été de Mendelssohn.
La Symphonie fut créée par la Société des jeunes artistes du Conservatoire, sous la direction de Jules Pasdeloup, le 25 mars 1860, à Paris