En 1935, Britten a 22 ans et il a déjà acquis une notoriété enviable en tant que compositeur de musiques de film. Il apprend son métier « un stylo dans une main, une montre dans l’autre » comme il l’écrit. Les contraintes de durée sont si fortes dans le Septième Art, qu’il épure considérablement son écriture et sait, dorénavant, aller à l’essentiel. De nouvelles commandes arrivent au cours de l’année 1935, notamment pour une publicité destiné à la Post Office Saving Bank. Plusieurs pièces de quelques secondes chacune doivent servir d’indicatif à un court métrage dénommé The Tocher. On demande à Britten de s’inspirer des pièces pour piano de Rossini, ses ineffables Péchés de vieillesse. Le musique se doit d’être efficace. Si efficace, que le compositeur se prend au jeu comme Chostakovitch, orchestrant, suite à un pari, et en moins d’une heure, le fameux air Tea for Two qui deviendra Tahiti Trot…
Revenons à Britten. Une première partition voit le jour et s’intitule Rossini Suite. Elle fait intervenir un chœur de garçons. L’œuvre est remaniée et nous l’entendons dans sa forme définitive et sous le nom de Soirées musicales. Cinq petites pièces la composent : March, Canzonetta, Tirolese, Bolero et Tarantella. Le jeune compositeur saisit la finesse bariolée, l’humour bon enfant de chaque danse. Il rend véloce une petite marche d’opérette qui n’en demandait pas tant, et transforme en berceuse pastorale une chanson italienne. La Tirolese nous fait virevolter sur un rythme de danse qui alterne sonnerie de trompette et mignardise d’une rengaine tyrolienne. Plus charmant encore, le Bolero avance pas à pas au son des castagnettes. La Tarantella, danse napolitaine au mouvement particulièrement rapide, pétille avec une verve toute… britannique.
En 1941, Britten réédita ses essais rossiniens avec l’écriture de ses espiègles Matinées musicales op.24.