Agenda

Sextuor pour piano, flûte, hautbois, clarinette, basson et cor FP 100, Francis Poulenc

Francis Poulenc       

(1899-1963)

Sextuor pour piano, flûte, hautbois, clarinette, basson et cor FP 100

 

  1. Allegro vivace
  2. Divertissement (Andantino)
  3. Prestissimo

 

Date de composition : 1931-1932. Révision en 1939 et 1940.

Date de création de la version définitive : 9 décembre 1940, Salle Pleyel-Chopin à Paris par le Quintette à vent de Paris et Francis Poulenc au piano.

 

Le Sextuor est un petit joyau de la musique française du 20e siècle. L’œuvre se veut gaie, humoristique, sensible sinon sensuelle. Poulenc ne fut pas entièrement satisfait de la première version achevée en 1932. Neuf ans plus tard, il remania considérablement la partition avant d’en confier la publication aux éditions Chester. Hélas, les manuscrits de la première mouture ont été perdus, ce qui interdit toute étude approfondie entre les deux versions.

Souvenons-nous ici d’Aubade, ce concerto chorégraphique pour piano et dix-huit instruments,  composé en 1930. La dimension de la chorégraphie, la vie d’un personnage imaginaire se retrouvent avec une force comparable dans le Sextuor, qui propose un instrumentarium original, composé d’un piano et d’un ensemble de vents. Toutefois, à la différence d’un ballet, il s’agit aussi d’un divertissement impertinent, violemment rythmé, au point qu’il est parfois indiqué sur la partition le mot : “féroce”. L’ombre de Prokofiev et de Stravinsky plane sur cette pièce si joliment ancrée dans l’esprit des salons parisiens des années trente et encore subjuguée par les tensions rythmiques et le “motorisme” des compositeurs russes. Un sentiment de liberté irrigue la partition en apparence si fluide. En revanche, pour les interprètes, le défi est des plus conséquents ! Il leur faut en effet animer deux mouvements primesautiers encadrant un divertissement, le cœur de la partition étant porté du bout des lèvres par le hautbois.

Le premier mouvement, Allegro vivace impose une tension de tous les instants avec un piano à la verve épique et des instruments qui s’amusent à se répondre “du tac au tac”. Le thème mélodique est en effet présenté par un jeu habile de contretemps. Un second thème, plus lent, mais aussi plus lyrique vient tempérer l’énergie du premier.

Le Divertissement – Andantino qui suit “glisse” à la manière d’une sonate mozartienne. Puis, l’écriture se fragmente en de multiples sauts. Jeux de rythmes ou bien accès de pudeur de la part du compositeur, qui ne veut pas céder à sa propre émotion sur le point de le submerger ? Poulenc se réfugie, comme à son habitude, dans une succession de pirouettes, à la limite parfois d’une trivialité assumée. L’intermezzo va jusqu’à parodier les ambiances des Folies Bergères dans l’esprit d’un Erik Satie. Le refuge est enfantin, mais le compositeur affirme sa préférence pour les plaisirs de la vie !

Le finale, Prestissimo, semble revenir au thème central du premier mouvement pris à une allure effarante. Poulenc superpose les voix, brise les lignes mélodiques, crée des unissons dignes de Stravinsky, notamment de son Octuor. Se moque-t-il ou rend-il hommage à son illustre aîné ? Nul ne le sait.

 

À lire

« Francis Poulenc » par Hervé Lacombe (ed. Fayard, 2013).