(1685 – 1750)
En prenant ses fonctions à la cour de Coethen, en décembre 1717, Bach débute presque une autre “vie musicale”. En effet, la musique religieuse passe au second plan car le culte réformé, calviniste, ne tolère aucune musique durant les offices. La période de Coethen est l’une des plus productives et heureuses de sa vie, car il compose à peu près tout ce qu’il veut. Apparaissent ainsi les partitas, sonates, les œuvres pour orchestre, les suites pour violon seul, violoncelle seul, concertos pour violon et pour clavier, le premier Livre du Clavier bien tempéré… Il exploite aussi les récents perfectionnements techniques des divers instruments tout en approfondissant les formes musicales. Son écriture s’enrichit aux sources des folklores et tout particulièrement des danses qui s’imposent aussi bien dans l’œuvre purement instrumentale que religieuse.
Les Six Suites pour violoncelle constituent un “monument” de l’Histoire de la musique. Elles dépassent ce que l’on nomme les fondements de la technique de l’instrument et représentent un véritable “Graal” pour tout violoncelliste. Les rythmes de danses participent à la construction de la polyphonie : courantes, gavottes, forlanes, menuets, bourrées, passe-pieds, rondos, polonaises, badineries, airs, gigues, réjouissances… qui rappellent autant les styles allemand, français, anglais qu’italiens.
La Première des Six Suites, la plus célèbre, débute comme chaque suite, par un Prélude qui exploite, ici, le registre grave de l’instrument et ne cesse de s’élever vers l’aigu. Le caractère inexorable de l’écriture, l’art du chant n’est pas sans évoquer le Premier Prélude du Clavier bien tempéré. A la liberté des danses – Allemande et Courante – répond la lente élégante de la Sarabande. Menuet I et II puis Gigue jouent, non sans humour, de la vélocité et de l’esprit du divertissement, cette expression du génie baroque et classique.
A LIRE
« Jean-Sébastien Bach » par Jean-Luc Macia (ed. Actes Sud / Classica, 2006).