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Maurice_Ravel_1925

Pavane pour une infante défunte, Maurice Ravel

Maurice Ravel
(1875-1937)
Pavane pour une infante défunte (arrangement pour violoncelle et orchestre de Jérôme Ducros)

Date de composition : 1899 (version originale pour le piano). 1910 (orchestration)
Date de création de la version orchestrale : 25 décembre 1911

La magnifique ligne mélodique de la Pavane pour une infante défunte puise son inspiration dans l’imaginaire antique. Le jeune Ravel – nous sommes alors à Paris en 1899 – compose la pièce d’abord au piano. Il la dédie à la Princesse Edmond de Polignac.

Ravel est d’une extrême précision dans ses indications, mentionnant notamment le mouvement métronomique (“54” à la noire) et suggérant un style d’interprétation : « Eviter de dramatiser. Ce n’est pas la déploration funèbre d’une infante qui vient de mourir, mais bien l’évocation d’une pavane qu’aurait pu danser telle petite princesse jadis à la Cour d’Espagne ». La fascination de l’Espagne, si présente dans l’œuvre du musicien, s’exprime dans cette lente danse processionnelle. Est-elle un adieu au défunt alors que la courbe sensuelle de la mélodie autorise toutes les divagations de l’esprit ? Ravel ne cache pas que le titre lui est venu parce qu’il trouve simplement “belle” l’association de ces mots : “Pavane – pour une infante – défunte”. Il est aussi probable qu’il se soit inspiré de la Pavane (1887) de Gabriel Fauré (1845-1924) qui avait marqué les esprits et dont Fauré s’était agacé de la trop grande notoriété…

Dans la partition de Ravel, le charme opère dès les premières mesures surtout si le caractère archaïque de cette musique est rendu sans afféterie, laissant les délicates harmonies éclore d’elles mêmes.

Le pianiste Ricardo Viñes créa la pièce originale à la Société nationale, le 5 avril 1902. Quelques années plus tard, Ravel orchestra la première version pour piano dont l’audition fut donnée aux Concerts Hasselmans, le 25 décembre 1911, sous la direction du chef d’orchestre et compositeur italien Alfredo Casella (1883-1947).

Récemment, le pianiste et compositeur Jérôme Ducros a réalisé un arrangement pour violoncelle et orchestre. Le violoncelle dont on dit qu’il est l’instrument le plus proche de la voix humaine porte le chant qui est dévolu habituellement au cor et aux cordes et auquel répond le hautbois. La mélodie se dissimule dans le développement central de la pièce avant de jaillir, magnifiquement éthérée.

Pour l’anecdote, en 1912, Ravel exprima sans détour des réserves à l’égard de sa partition : « Je n’éprouve aucune gêne à en parler, elle est ancienne pour que le recul la fasse abandonner du compositeur au critique. Je n’en vois plus les qualités, de si loin. Mais, hélas ! J’en perçois fort bien les défauts : l’influence de Chabrier trop flagrante et la forme assez pauvre ». Pour sa part, le critique Roland-Manuel eut ce commentaire sévère : « Ce morceau fait l’admiration des demoiselles qui ne jouent pas très bien du piano ». Il n’en demeure pas moins que l’œuvre n’a jamais quitté le répertoire des pianistes et grands orchestres pour le plus grand plaisir du public !

À lire :
« Maurice Ravel » par Marcel Marnat (Ed. Arthème Fayard, 1986).