Dans sa version originale composée en 1919, l’Ouverture sur des thèmes juifs (op.34) réunit un étrange sextuor : le piano, la clarinette et le quatuor à cordes.
L’œuvre naquit d’une commande d’un groupe de musiciens juifs exilés à New York, qui avait pris, au début du XXe siècle, le nom de Zimro. L’objectif de ces artistes qui se produisaient aux Etats-Unis était de réunir suffisamment d’argent pour créer un conservatoire à Jérusalem. Prokofiev avait bien connu ces musiciens sur les bancs du Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Ils lui remirent un cahier des mélodies juives. Leur authenticité et leur beauté séduisit Prokofiev qui composa une ouverture en deux jours seulement. Elle repose sur deux mélodies “orchestrées”. Il les choisit à la fois pour leur caractère sarcastique, mais aussi pour leur valeur mélodique. Il put ainsi utiliser la saveur de la clarinette, instrument narratif par excellente et prima voce notamment dans la musique Klezmer et la confronter à la tension rythmique du clavier. De fait, l’esprit de la danse hassidique est préservé avec une saveur toute particulière. Les cordes représentent un orchestre “miniature”.
L’ouverture fut créée le 20 avril 1920, à New York. En 1934, Prokofiev arrangea la pièce pour petit orchestre. La nouvelle version (op.34 bis) fut créée, la même année, à Prague.
A lire
« Serge Prokofiev » par Laetitia Le Guay (éd. Actes Sud / Classica, 2012).