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Entwine pour orchestre, Dai Fujikura

Dai Fujikura
(1977)
Entwine pour orchestre (création française)

Date de composition : 2021
Date de création : 12 juin 2021

Au cours des saisons passées, plusieurs œuvres de Dai Fujikura ont été données par l’Orchestre National de Bretagne. Rappelons que le compositeur japonais a remporté divers prix internationaux et que son catalogue est riche de pièces aussi diverses que des opéras, des partitions orchestrales et de musiques de films. Directeur artistique de diverses institutions, artiste en résidence de plusieurs formations, Dai Fujikura a bénéficié de la part de trois institutions, d’une nouvelle commande passée par la Westdeutsche Rundfunk, le Tokyo Metropolitan Theatre et l’Orchestre national de Bretagne. Entwine a été créé par l’Orchestre symphonique de la WDR de Cologne sous la direction de Cristian Măcelaru, le 12 juin 2021 puis par l’Orchestre symphonique Japonais Yomiuru sous la baguette de Michiyoshi Inoue, le 28 janvier 2022.

Entwine peut se traduire en français par les verbes s’enlacer ou s’entrelacer. Dans quelle mesure ce mot fait écho à la genèse de la partition ?

L’œuvre brève qui m’a été commandée s’inscrivait dans le regard que les orchestres portaient sur la pandémie de la Covid. Comme tous les citoyens de nombreux pays, les artistes étaient confinés sans pouvoir répéter ou se produire sur scène. Et comme beaucoup de musiciens, je suis allé vers la musique électronique, ce qui m’a permis de réaliser des pièces étonnantes en collaborant, par exemple, avec un musicien de jazz norvégien ! Tout ce qui était du domaine de l’échange en direct, toute la sensualité émanant des répétitions et des concerts réunissant parfois des dizaines de musiciens avait disparu. Retrouver ces sensations, le phrasé des ensembles, les regards complices entre les pupitres et avec le chef nous était interdit. Entwine est une réflexion sur ces impressions “basiques”, ces liens multiples – “entrelacés” – que j’ai essayés de transcrire dans ma pièce. Elle est devenue une célébration de l’orchestre.

Votre œuvre joue beaucoup sur les vibrations de timbres, qui traduisent les sentiments d’urgence et d’angoisse du thème. Revendiquez-vous certaines influences, celles de vos maîtres, Pierre Boulez, George Benjamin, Peter Eötvös et peut-être même certaines esthétiques comme la musique spectrale ?

Cela, c’est aux musicologues et journalistes de le dire ! Je n’imagine pas que mes œuvres puissent être influencées par des esthétiques définies ou par les noms que vous avez cités, même s’ils sont mes “héros” de la musique. Quand je compose, je suis dans l’instant et je ne pense à aucun autre compositeur.
Votre écriture est marquée par des rythmes qui inspirent la danse. Peut-on dire que Entwine, cette page si lyrique soit également profondément narrative ?
Absolument ! Ma musique certes abstraite raconte des histoires, au point que je me suis passionné pour la composition d’opéras. J’irais même plus loin en vous disant que tout ma musique est constituée de mélodies.

Est-ce que la période de la pandémie a modifié votre perception de la place de la musique classique dans la société actuelle ?

C’est une problématique multiple car les réponses sont toutes personnelles. Je vis essentiellement de commandes venant d’artistes ou d’institutions et vous avez la chance, en France, que la culture soit aussi fortement soutenue par les subventions publiques. La musique classique ne représente pas du tout les mêmes défis en termes de diffusion que ceux des musiques actuelles. Il est essentiel qu’elle s’ouvre à d’autres univers sonores et c’est d’ailleurs la démarche de l’Orchestre National de Bretagne. Cette musique classique est pourtant essentielle, qu’elle touche une foule ou quelques personnes. Pour l’artiste, elle signifie le partage dans ce qu’il a de plus “pur” et universel car il n’échange rien qui soit matériel. Juste un langage comme une main tendue vers l’autre.

A découvrir :
www.daifujikura.com