Dans l’histoire des maîtres du violon, Kreisler représente l’un des derniers compositeurs virtuoses, issu d’une lignée d’artistes allant d’Arcangelo Corelli jusqu’à Georges Enesco et comptant dans ses rangs Nicolò Paganini et Joseph Joachim, Henri Vieuxtemps et Pablo de Sarasate.
Le musicien d’origine autrichienne légua à la postérité quelques pièces typiquement viennoises dont les plus connues demeurent Liebesfreud, Liebesleid, Schön Rosmarin ainsi que Caprice viennois. Il affirma que ces pages faisaient partie de manuscrits découverts dans un vieux couvent du Sud de la France… En 1935, il avoua que ces “découvertes” étaient en réalité ses propres compositions.
Entre 1910 et 1942, Fritz Kreisler enregistra à quatre reprises Liebesleid (Chagrin d’amour). L’œuvre est une valse viennoise qui s’ouvre sur la “pointe des pieds” et se développe de manière presque anodine. Sa virtuosité s’accroît progressivement. La transformation des valeurs rythmiques, l’étonnante vélocité et un humour certain modifient radicalement l’esprit de cette pièce de salon au charme désuet.
La version que nous entendons a été orchestrée en 1941. Outre les cordes, elle fait appel aux bois par deux et, en l’absence de cuivres, à la timbale et à la harpe. Une orchestration légère destinée à mettre en valeur la musicalité du soliste.
A Ecouter
Fritz Kreisler, The Complete RCA Recordings. Intégrale des enregistrements, de 1910 à 1946 (11 CD, Rca).