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Les plumes de l’océan

Compositeur en résidence d’écriture à l’Orchestre symphonique de Bretagne, Alexis Savelief nous propose quelques clés d’écoute pour découvrir sa nouvelle partition. Elle s’inscrit dans la série des commandes destinées à célébrer le trentième anniversaire de la formation.

 

Expliquez-nous le titre de l’œuvre…

 

Lorsque l’Orchestre symphonique de Bretagne m’a proposé d’écrire une œuvre pour ce projet intitulé Cartes Postales de Bretagne, j’ai très vite été frappé, lors de mes recherches, par la richesse ornithologique des sept Îles de Bretagne (40 000 oiseaux !) et je me suis demandé ce que des nuées d’oiseaux pourraient produire sur le plan musical. Voici l’idée de départ qui associe l’océan et les oiseaux.

 

Quand on évoque les oiseaux dans l’histoire de la musique du XXè siècle, on songe inévitablement à l’œuvre de Messiaen. Cela a-t-il été votre cas ?

 

Je connais assez peu la musique de Messiaen et je suis loin de sa démarche qui, entre autres, consistait à cataloguer les oiseaux et leurs espèces. En revanche, je me suis intéressé aux sensations physiques, et pas seulement sonores, que je pourrais ressentir si je me trouvais sur l’océan, entouré d’une multitude d’oiseaux. Cela a guidé mon travail car assister à un concert d’orchestre – plutôt qu’écouter un enregistrement – se prête assez bien, à mon avis, à une perception physique et viscérale du son. Dans mon travail, je ne me revendique d’aucune esthétique en particulier même si certains compositeurs m’ont marqué comme György Ligeti, Giacinto Scelsi, Henri Dutilleux, Igor Stravinsky et le courant des musiciens dits “spectraux”.

 

Comment avez-vous imaginé votre partition ?

 

J’ai d’abord spatialisé au maximum tous les pupitres de l’orchestre avec, par exemple, les cordes divisées à l’extrême : chaque musicien joue sa propre partition (ce qui est rare pour les pupitres de cordes). Sur scène, la spatialisation sonore est ainsi définie avec la plus grande précision. Par ailleurs, j’ai varié considérablement les modes de jeux. Pour certains instruments, ils sont même extrêmes. Le défi de l’écriture est donc double. En effet, à cette individualisation maximale des pupitres, j’ai voulu synthétiser l’ensemble dans un seul élan, sans baisses de tension. Pour les auditeurs, ce n’est pas la complexité de l’éparpillement sonore qui prévaut, mais la sensation sonore d’une nuée d’oiseaux.

 

Quelles sont les idées musicales qui irriguent la musique ?

 

Plusieurs idées musicales traversent la partition. Pour évoquer la dimension de l’océan, j’ai travaillé sur des modes de jeux particuliers, notamment avec des cordes étouffées et jouées avec l’archet afin de produire du souffle. Par ailleurs, pour obtenir le foisonnement des dizaines de milliers d’oiseaux avec une quarantaine de musiciens, j’ai choisi de rester sur des phrases simples, essentiellement composées de descentes en quarts et demi-tons, afin que le mouvement général demeure perceptible et cohérent. En effet, les superpositions rythmiques sont complexes, car les phrases ne sont jamais jouées avec les mêmes rythmes, ou alors avec des micro-décalages, ce qui provoque des glissements. Les instruments jouent, par exemple, la même phrase simultanément mais à des vitesses différentes. Progressivement, la densité de l’orchestre s’accroît pour atteindre un paroxysme. L’œuvre s’achève comme elle avait débuté, dans la sensation d’un souffle par vagues.