Pianiste prodige, organiste admiré par Franz Liszt et Hector Berlioz, pédagogue d’exception, Saint-Saëns fut aussi un voyageur impénitent, un génial touche-à-tout, passionné de peinture, d’archéologie, de philosophie ! Devant tant de facilité (et de talent), nombre de musiciens ne manquèrent pas de juger avec sévérité l’auteur de La Danse macabre, autant de critiques dont l’esprit sarcastique de Saint-Saëns s’arrangea fort bien… Mais ce génie de l’élégance, ce virtuose pince-sans-rire et si peu académique se passionnait aussi pour les sonorités les plus étranges. De 1858 à 1863, il composa successivement un Premier concerto pour piano, un Second pour violon ainsi que l’Introduction et Rondo capriccio. Tout comme chez Ravel quelques décennies plus tard, on retrouve dans cette pièce de 1863, l’expression d’un plaisir comparable pour la virtuosité. Paganini, Thalberg et Liszt firent de même pour exploiter toutes les ressources de leur instrument, mais aussi pour séduire le public.
La sérénade presque retenue de l’Introduction ne laisse entrevoir que son humilité jusque dans l’accompagnement des cordes pincées de l’orchestre. Le charme et la souplesse du dessin mélodique restent d’une sobriété exemplaire. Par contraste, Le Rondo capriccioso met en valeur le brio de l’archet dans l’une des pages des plus optimistes du compositeur. La cadence, l’entrain rythmique, tout est fait pour servir habilement le soliste, discrètement soutenu par l’accompagnement.
A Lire
« Saint-Saëns » par Jacques Bonnaure (ed. Actes Sud / Classica, 2010).