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Dracula Breakdown. Bulgar Thing

Installé en Californie, le violoniste Gilles Apap propose des programmes étonnants, déroutants et réjouissants ! Folklores et musiques savantes s’y croisent dans une redécouverte permanente du plaisir de jouer.

 

 

 

Musiques “classiques” ou “non-classiques”… Quand avez-vous abordé ces répertoires si originaux ?

 

J’ai commencé à jouer ces musiques, il y a longtemps. D’abord, parce que j’aime jouer avec des gens sans a priori. La dimension ethnomusicologique m’a aussi intéressé. Comment un violoniste “non-classique” peut-il tenir différemment son violon, qu’un musicien formé au répertoire “classique” ? Le sujet est intéressant. C’est aussi la raison pour laquelle je travaille avec l’un des élèves de Ravi Shankar et que avons fait une tournée en Europe centrale pour associer des œuvres  de Bartok et Enesco avec de la musique indienne. Ma rencontre avec Yehudi Menuhin, ami de Ravi Shankar a été importante dans ma vie.

 

Comment avez-vous découvert la musique roumaine ?

 

Sur une cassette audio ! Elle provenait de Moldavie. J’ai appris les morceaux d’oreille. Je pense que l’activité de musicien consiste non seulement à faire de la recherche, mais aussi à apprendre à manier des sons nouveaux. Et les sons vont avec les gens. La musique vous amène à l’Humain. Et avec l’âge, cela ne s’arrange pas…

 

Et ces œuvres en particulier…

 

Les pièces de musiques roumaines que je joue, sont nées d’un projet avec des artistes bulgares, roumains et hongrois. Nous voguions sur un bateau hongrois et nous avons commencé à jouer en Roumanie puis nous avons terminé à Passau, ville en Bavière, au confluent de trois fleuves, le Danube, l’Inn et l’Ilz. J’ai donc appris ces airs roumains de Moldavie par des Bulgares. Je n’ai aucune idée du titre de ces airs. Ils sont sans variations, à l’instar d’une musique traditionnelle très précise. On joue la mélodie sans improviser et toutes les notes sont dans la partition.

 

La liberté est ailleurs, dans les ornements, que l’on peut légèrement changer. Ce ne sont pas des musiques que l’on interprète en premier, mais que l’on ressent. Et je vais vous avouer quelque chose : certaines musiques roumaines sonnent comme des musiques bretonnes. Les notes sont identiques avec, certes, des modifications de textures, de couleurs. La musique celte, et je le sais de musiciens d’Europe centrale, est arrivée en Roumanie. Alors, musique bulgare, roumaine, hongroise, bretonne…