Voici « l’original » du précédent concerto entendu dans sa transcription pour orgue de Jean-Sébastien Bach. Il aurait été composé en 1710.
Le titre étrange « Grosso Mogul », qui figure sur l’un des manuscrits – celui de Schwerin, mais nullement dans l’autographe conservé à Turin – fait référence au plus célèbre diamant de l’époque de Vivaldi. Le joyau appartenait à Shâh Jahân qui fit construire le Taj Mahal, en Inde. Très habile à promouvoir ses propres œuvres, Vivaldi aurait (ici, au conditionnel) emprunté le surnom attribué au « Grosso Mogul », profitant ainsi de la brillance du joyau pour son propre ouvrage… Les deux cadences des deux concertos devaient être probablement improvisées par le soliste – en l’occurrence Vivaldi – le compositeur se réservant ainsi l’assurance de montrer sa folle virtuosité. Il ne s’en prive pas dans le premier mouvement, utilisant toute la technique de l’époque (cordes doubles, arpèges modulés, figure chromatiques acrobatiques, etc.). C’est en revanche l’émotion pure qui domine dans le Recitativo avec des harmonies parfois osées. Vivaldi se réserve une totale liberté d’improvisation, rhapsodique voire même tzigane, dirait-on, si l’on devait référer à ce qui sera couramment pratiqué à l’ère romantique. Après ce bref mouvement, le finale joue de l’agilité du soliste (la cadence est proprement diabolique) et de l’accompagnement. Là encore, les seules limites autorisées sont celles des interprètes…