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Concerto pour violon et orchestre en mi mineur op.64

Le Concerto en mi mineur de Mendelssohn, l’un des plus célèbres concertos pour violon du XIXe siècle (avec ceux de Beethoven, Brahms, Bruch et Tchaïkovski) est en réalité le second essai du genre d’un musicien alors âgé de 35 ans. En effet, il composa également un Concerto en ré mineur en 1822. L’adolescent de 13 ans y révélait déjà une technique hors du commun et une passion pour l’œuvre de Jean-Sébastien Bach.

 

C’est au cours de l’été 1838 que Mendelssohn mit en chantier ce nouveau concerto qu’il dédia à son ami Ferdinand David (1810-1873), qu’il avait engagé comme violon solo de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig : « J’aimerais composer un concerto pour violon à ton intention l’hiver prochain. Il y en a un en mi mineur qui me trotte dans la tête et dont les premières mesures ne me laissent pas en paix » lui écrit-il. Six ans plus tard, Mendelssohn tint enfin sa promesse.

 

La partition transgresse bien des traditions. Dans le premier mouvement, le violon fait immédiatement son entrée. Quel contraste avec l’opus 61 de Beethoven dans lequel il faut patienter plusieurs minutes avant que le soliste ne fasse son apparition !

 

L’auditeur est encore plus surpris par la place réservée à la cadence. En effet, elle surgit au milieu du premier mouvement, comme partie intégrante du tissu orchestral. A l’époque de Mendelssohn, la cadence se devait de conclure le plus brillamment possible la première partie. Plus soucieux d’assurer l’unité de l’œuvre que de solliciter les applaudissements, Mendelssohn fit en sorte que les trois mouvements apparaissent comme enchaînés les uns aux autres. Il bénéficia par ailleurs des conseils de Ferdinand David comme le montre une correspondance particulièrement dense entre les deux artistes.

 

Le vigoureux Allegro molto appassionato qui ouvre la partition expose la mélodie au violon soliste puis aux bois. Le premier thème se présente comme un lied fiévreux alors que le second est une mélodie rêveuse. Une tenue du premier basson “glisse” le mouvement dans l’atmosphère du suivant.

 

L’Andante qui suit est une page lyrique dont le caractère sombre ne transparaît que dans la section centrale. Les trompettes et les timbales sont alors soutenues par les trémolos des cordes. Mendelssohn laisse à peine le climat s’estomper avant de lancer le finale.

 

L’Allegro non troppo suivi d’un Allegro molto vivace est introduit après une courte transition, un bref intermezzo. Dynamique, pétillant et capricieux, le dernier mouvement semble tout droit sorti du Songe d’une nuit d’été. Les compositeurs romantiques lui donnèrent d’ailleurs le sous-titre de “féerie romantique de sylphes”. Sa virtuosité n’est jamais gratuite et il est nécessaire d’en respecter l’indication leggiero.

 

Souffrant, Mendelssohn ne put assister à la création de son concerto. Le soliste en fut le dédicataire, Ferdinand David. Son assistant, le compositeur danois Niels Gade (1817-1890) en assura la première à la tête de l’Orchestre du Gewandhaus, le 13 mars 1845. Le compositeur fut en revanche au rendez-vous lorsque Josef Joachim, un jeune prodige alors âgé de 14 ans, l’interpréta le 3 novembre 1847, un mois avant que Mendelssohn ne disparaisse…

 

 

 

A Lire

 

« Felix Mendelssohn, la lumière de son temps » par Brigitte François-Sappey (ed. Fayard, les Chemins de la musique, 2008).