Les quatre premiers concertos de Mozart sont dits « pasticcios ». Ils sont nommés ainsi car ils proviennent de transcriptions de sonates « accompagnées » pour clavier – en l’occurrence, le clavecin – et violon. Mozart imitait alors les modèles en vogue en Europe. Au point que l’on sait maintenant, que pour ces quatre concertos, il transcrivit tout simplement les partitions Johann Schobert, Leontzi Honauer, Hermann Friedrich Haupach, Carl Philipp Emanuel Bach et Johann Gottfried Eckard. Il s’agissait certainement d’exercices imposés par Leopold, le père du jeune compositeur alors âgé de ans ! L’écriture de Leopold corrigeant les fautes de son fils sur le manuscrit est éloquente.
C’est ainsi que le Concerto en ré majeur emprunte son premier mouvement à l’opus 2 n°1 de Honauer puis, dans le suivant, à l’opus1 n°4 d’Eckard. Le finale appartient à Carl-Philip-Emanuel Bach (Wq 117/26).
Ces exercices permettaient aussi au jeune adolescent de briller en public, de montrer sa virtuosité, mais aussi sa science de l’orchestration car sa fantaisie sans limite modifie parfois de manière conséquente le matériau original.
Qu’un enfant de onze ans puisse composer une telle introduction du premier mouvement, Allegro maestoso est fascinant. L’efficacité des lignes mélodiques, la puissance expressive pressentent déjà le Mozart des concertos plus tardifs. La façon d’imposer la présence du clavier, de réaliser les ornements, tout dépasse le simple « exercice ».
L’Andante développe une charmante mélodie, l’orchestre portant le chant du soliste. Nous sommes alors dans quelque aria de concert. Pour autant, Mozart ose des modulations audacieuses.
Dans le finale, Presto, l’orchestre n’assure pas seulement la fonction de « remplissage ». Il dialogue avec le soliste dont le rythme martelé change constamment d’expressions, le legato étant alors irréalisable au clavecin.