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Michael Nyman
(1944)
Concerto pour clavecin amplifié et cordes
Date de composition : hiver 1994-1995. Dédié à Elisabeth Chojnacka
Date de création : 29 avril 1995 au Queen Elizabeth Hall à Londres par Elisabeth Chojnacka et le Michael Nyman String Orchestra.
Disciple de Kenneth Gilbert et Huguette Dreyfus, le claveciniste américain Jory Vinikour a enregistré ce concerto qu’il a interprété en concert à plusieurs reprises. Il nous propose quelques clés d’écoute pour découvrir cette œuvre d’une profonde originalité.
Comment avez-vous découvert la musique du compositeur, pianiste, librettiste et musicologue britannique Michael Nyman ? Il est connu du grand public pour les nombreuses musiques de film qu’il a composées comme “La Leçon de piano” de Jane Campion sans oublier les films de Peter Greenaway.
L’idée de jouer ce concerto est venue du chef d’orchestre Marc Minkowski avec lequel j’ai beaucoup collaboré. Avec son ensemble, Les Musiciens du Louvre, il souhaitait, il y a quelques années, que je participe à un concert de musique contemporaine. De fait, j’ai interprété ce concerto à quatre reprises sous sa direction et par la suite avec divers orchestres. Enfin, je l’ai enregistré avec l’Orchestre philharmonique de Chicago.
Francis Poulenc et Manuel de Falla, entre autres, ont composé au 20e siècle, des œuvres pour clavecin. Cet instrument possède l’étonnante faculté de quitter l’univers baroque qui l’a vu naître… Comment l’expliquez-vous ?
Le clavecin possède, en effet, un énorme potentiel de création et je suis heureux qu’il intéresse les compositeurs actuels. Une richesse qui passionna déjà les compositeurs comme Igor Stravinsky et plus tard Alfred Schnittke. Pour beaucoup d’entre eux, le pastiche – notamment à l’époque néoclassique de l’entre-deux guerres – fut une source d’inspiration réelle.
Comment définiriez-vous l’écriture musicale de Michael Nyman ?
Classé dans l’esthétique des minimalistes, Michael Nyman possède un style que l’on reconnaît immédiatement. Il sait admirablement utiliser la richesse des instruments et tout particulièrement du clavecin. Dans le concerto, le compositeur introduit des thèmes et motifs, un grand tango au milieu de la pièce et l’ensemble se conclut dans un climat de jubilation délicat à interpréter. L’écriture tient davantage du rock que parfois du classique ! En effet, le caractère répétitif des formules crée un phénomène hypnotique puis une forme de saturation sonore entre les cordes et le clavecin. Le compositeur savait que la dédicataire de l’œuvre, la claveciniste Elisabeth Chojnacka adorait le tango. Pour autant, l’écriture de celui-ci possède des couleurs particulières. En effet, lors de la composition de la pièce, un ami de Nyman, le musicien Tim Souster mourut tragiquement. Il s’agit donc d’un tango funèbre.
La pulsation du rythme “rock” fusionne avec la dimension “classique” caractérisée par l’emploi de la fugue et de la toccata…
Dans tout le concerto, l’idée de la toccata est permanente, le rythme étant impulsé par le soliste. Pour leur part, les cordes tiennent toute la mélodie. Le vrai défi de la pièce si bien équilibrée et dans laquelle le clavecin est amplifié, consiste à maîtriser des jeux rythmiques très complexes. Le claveciniste dirige du clavier avec des contretemps délicats à placer. Il est facile de se perdre dans cette musique… Sur le plan sonore, Nyman veut que l’instrument est une puissance telle qu’elle soit presque saturée, pour tout dire, dans le style “rock” !
Quel clavecin jouez-vous ?
Un clavecin à deux claviers. Il y a peu d’instruments “modernes” en France. C’est donc un clavecin du répertoire baroque, mais traité par l’amplification qui est primordiale. Le même remarquable clavecin de l’Atelier Marc Ducornet est joué pour les autres pièces baroques du programme.
À écouter
Enregistré chez Cédille Vinikour « 20th Century Harpsichord Concertos » par l’Orchestre Philharmonique de Chicago dirigé par Scott Speck (Cedille Records)