La chef d’orchestre et compositrice Keren Kagarlitzky et le violoniste Daniel Hoffman nous proposent quelques pistes d’écoute.
Qu’est-ce que la musique Klezmer ?
Le terme Klezmer définit la musique juive traditionnelle d’Europe de l’Est. Le mot dérive de l’hébreu “kley – zemer” qui signifie “instruments du chant”. Au fil du temps, on pense vers le XVIe siècle, les instruments ont remplacé les voix. Toutefois, la musique Klezmer est présentée de manière encyclopédique en 1938 par le musicologue Moshe Beregovski (1892-1961). Le musicien “klezmer” est considéré comme un artiste sans formation par opposition au « muzikant”. Après la Seconde Guerre mondiale, la musique Klezmer a évolué grâce aux interprètes nord-américains, intégrant notamment des éléments empruntés au jazz, à la pop music, au classique… Par tradition, cet art du muzikant – les musiciens rivalisent d’imagination et de virtuosité – s’exerce lors de cérémonies juives, notamment les mariages. Il s’agit alors de faire danser le public sur des mélodies particulièrement riches et ornementées au gré des improvisations. « La musique Klezmer que j’essaie de faire revivre est celle qui existait avant la Seconde Guerre mondiale en Europe. Elle a été préservée aux Etats-Unis et cette tradition a de nouveau émergé au milieu des années 1970 » précise le violoniste Daniel Hoffman
Musique klezmer, musique classique ?
Pour Keren Kagarlitzky, « la musique Klezmer est peu présente comme telle dans l’orchestre traditionnel. Certes, je pense à la musique de Mahler qui cite des mélodies et danses klezmer, et aujourd’hui Menahem Wiesenberg, mais l’essence même de celles-ci est la liberté rythmique, l’improvisation, ce qui est antinomique du répertoire classique. La musique Klezmer fait appel à des musiciens virtuoses en quête de nouvelles sonorités ».
A propos de la Bulgaronica suite
« L’œuvre que nous allons jouer est celle de Daniel Hoffman » déclare Keren Kagarlitzky qui ajoute : « je n’ai fait que l’arranger pour orchestre. Il s’agit d’une suite de danses destinées à un orchestre classique – sur le schéma du concerto traditionnel, en trois mouvement (vif – lent – vif). L’improvisation y est particulièrement marquée dans la cadence ».
De son côté, Daniel Hoffman nous précise la genèse de l’œuvre : « Il existe une forte tradition de musique Klezmer en Bulgarie. La seconde partie du titre souligne le caractère “ironique” de la pièce. Ironie qui se manifeste, par exemple, dans des modulations qui s’opposent et des rythmes superposés.
A lire
« Musique et traditions ashkénazes » par Stella-Sarah Roy (Editions L’Harmattan, 2002).