(1860 – 1911)
En 1883, l’intendant de l’opéra de Kassel offre à Mahler le poste de second Kapellmeister, sa première fonction importante en tant que chef d’orchestre. A la même époque, le jeune musicien compose quatre mélodies du cycle des Lieder eines fahrenden Gesellen. Il les dédie au soprano Johanna Richter dont il est tombé amoureux. Dans ces mélodies apparaît déjà l’esprit de la Première Symphonie dont les esquisses datent de 1885 et l’orchestration de 1888. A l’origine, la symphonie se divise en cinq mouvements regroupés en deux parties :
1/ Aus den Tagen der Jugend (souvenirs de la jeunesse)
Frühling und kein Ende (le printemps sans fin)
Blumine (fleurettes)
Mit vollen Segeln (toutes voiles dehors)
2/ Commedia humana (la comédie humaine)
Todtenmarsch in Callots Manier (marche funèbre à la manière de Callot)
Dall’ Inferno al Paradiso (de l’enfer au paradis)
Pendant plusieurs années, Mahler tente de justifier les titres des mouvements. A partir de 1900, il supprime ces “images poétiques” refusant d’assumer davantage une “musique à programme”. Le titre du second mouvement Blumine (fleurette ou collection de fleurs) est emprunté à des écrits du poète Jean Paul – Jean Paul Friedrich Richter (1763-1825) – l’auteur du roman Titan écrit entre 1800 et 1803. Blumine est un andante-allegretto devenu par la suite andante con moto dans la tonalité principale d’Ut majeur. Dans l’esprit de Mahler, il s’agit d’une pause musicale entre le premier mouvement “Langsam schleppend…” et le troisième “Kräftig bewegt…”
Blumine serait extrait d’une partition de scène composée en 1884, Der Trompeter von Säkkingen dont il ne subsiste que deux lignes du thème. En effet, le manuscrit a été détruit au cours de la Seconde Guerre mondiale.
En 1896, Mahler supprima définitivement Blumine de la Première Symphonie, estimant que la pièce modifiait l’architecture de la Symphonie Titan sans justification artistique. Redécouverte au début des années soixante, Blumine fut donné pour la première fois en concert le 18 juin 1967 au festival d’Aldeburgh sous la direction de Benjamin Britten. Pleine de grâce et de charme, cette page suggère une influence mendelssohnienne. La partition ne laisse encore rien présager de l’écriture ultérieure de Mahler.