Considéré comme le “père de la musique Russe” et le fondateur du grand opéra national, Glinka fut pourtant l’un des compositeurs les plus malmenés par le régime tsariste alors que ses partitions les plus célèbres exaltent l’âme slave : La Vie pour le tsar (1836), suivie six ans plus tard par Rouslan et Ludmila, achevé en 1842. Persécuté par le régime qui le contraignit à plusieurs reprises à l’exil, il s’installa provisoirement dans divers pays d’accueil, parlant à la perfection les langues locales, mais souffrant également de la nostalgie de sa patrie, ce pays dont il disait avec lassitude que « l’on ne connaît que joie débordante ou larmes amères »…
Dans toute l’œuvre de Glinka, on remarque l’association de plusieurs paramètres indissociables : une passion pour le folklore et les mélodies russes, mais également pour l’exotisme d’où qu’il provienne.
La Valse-Fantaisie fut composée en 1839 et, à l’origine, pour le piano. Glinka orchestra la partition en 1856, en prévision d’un concert qui devait avoir lieu, la même année, à Saint-Pétersbourg.
Inquiétante, grave et puissante à la fois, la Valse-Fantaisie s’ouvre comme un lever de rideau. Pourtant, que de trouvailles et même que d’humour dans la relance des mouvements, les effets surprenants de dynamiques, de contrastes et de couleurs ! Glinka utilise quelques harmonies vaguement orientalisantes qui accroissent le sentiment de dépaysement, rompant parfois le flux rythmique et faisant de cette valse, une chorégraphie difficilement… dansable. A vrai dire, il s’agit d’une œuvre avant tout symphonique dont Tchaïkovski, mais aussi Chostakovitch sauront retenir la leçon.
A Lire
« Histoire de la musique russe, des origines à la Révolution » par André Lischke (ed. Fayard, les Chemins de la musique, 2006).