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Ravel_Pierre_Petit

Quatuor à cordes en Fa majeur, Maurice Ravel

Maurice Ravel
(1875-1937)
Quatuor à cordes en fa majeur

Quatre mouvements :

I. Allegro moderato
II. Assez vif. Très rythmé
III. Très lent
IV. Vif et agité

Date de composition : décembre 1902 à avril 1903.
Date de création :  5 mars 1904, à la Schola Cantorum, à Paris

Hommage ou rivalité ? Lorsque Ravel compose son unique Quatuor à cordes, il a certainement à l’esprit de rendre hommage à son professeur de composition au Conservatoire, Gabriel Fauré. Il n’a toutefois pas oublié la saisissante impression laissée par la partition de Claude Debussy, son unique quatuor composé en 1892. On évoque alors une rivalité entre les deux hommes – Ravel et Debussy – entretenue complaisamment par une partie de la critique de l’époque, considérant le jeune Ravel comme l’épigone de son aîné. Il est vrai que de nombreux points communs surgissent à l’écoute des deux quatuors : goût de la perfection formelle, sensibilité et pudeur, autant de climats si reconnaissables de l’écriture française des premières années du 20e siècle. Mais, les différences sont tout aussi notables notamment dans le traitement instrumental et l’écriture mélodique. En réalité, les deux univers sont distincts et parfaitement identifiables : Debussy se tourne vers l’école d’Ernest Chausson et Ravel rend un hommage explicite à son “Cher maître Gabriel Fauré”.

Le Quatuor  de Ravel est comme la plupart de ses œuvres, notamment dans la musique de chambre, unique en son genre : un seul Quatuor à cordes, un unique Trio avec piano, une Sonate pour violon et violoncelle… A chaque fois, la perfection est de mise comme si le musicien nous livrait la totalité de son inspiration passée, présente et future. Une telle production nous stupéfie aujourd’hui encore, car le quatuor à cordes reste le privilège des musiciens à l’apogée de leur art ! Ravel était arrivé à maturité bien avant son vingt-septième anniversaire. La Société nationale de promotion de musique française assure la création du Quatuor, le 5 mars 1904, à la Schola Cantorum, à Paris.

L’écriture des quatre mouvements traditionnels s’avère d’une étonnante fraîcheur d’inspiration. Nous n’entendons plus les thèmes tels qu’ils se complètent et s’opposent selon les principes hérités de l’époque classique. Dès les premières mesures, nous tombons sous le charme des atmosphères qui nous font oublier jusqu’à la nature des deux idées thématiques qui s’enroulent dans une spirale sonore. Cette musique “nonchalante” est faite de parfums qui jouent avec subtilité d’ambiances pastel entre les tonalités de la mineur et ré mineur. Ravel, si respectueux de la forme, si classique dans son architecture musicale, “dynamite” l’œuvre de l’intérieur. Il s’amuse de sa virtuosité dans le scherzo qui s’envole sur les pizzicati des cordes. La course-poursuite émerveille par ses trouvailles sonores et des ruptures de climat comme cet aparté lent et mystique, rapidement rompu par le retour de la tension rythmique initiale. Le troisième mouvement “très lent” nous emmène sur les rives de l’orchestre. Comment ne pas songer en effet aux pages intimistes de Ma Mère l’Oye que l’on entendra à l’orchestre une petite décennie plus tard ? Le flux musical devient impressionniste et le sentiment d’improvisation qui domine n’est qu’illusion : chaque instrument préserve son indépendance comme le quatuor de l’orchestre, des violons aux basses. Le finale sublime la virtuosité avec un retour aux deux idées thématiques du début. Ce perpetuum mobile aux réminiscences délicatement populaires se joue dans un souffle dont la souplesse n’interdit pas quelques sourires ironiques.