(1756 – 1791)
A l’été 1787, Mozart travailla à l’écriture d’un nouvel opéra, Il dissoluto punito ossia Il Don Giovanni. Son précédent ouvrage, les Noces de Figaro avait triomphé sur la scène du Burgtheater de Vienne en mai 1786 puis à Prague. Il inaugurait une collaboration avec le librettiste Lorenzo Da Ponte. Elle se poursuivit avec Don Giovanni et Cosi fan tutte (1790).
La commande de Don Giovanni émana du directeur de l’opéra de Prague. Il choisit le thème prisé sur la plupart des scènes d’Europe : Don Juan. Le public pragois ne pouvait qu’être satisfait comme l’avaient été les spectateurs des nombreuses productions à la fois théâtrales et lyrique traitant de ce thème depuis le début du 17e siècle. En 1665, en France, le Dom Juan ou le festin de Pierre de Molière avait marqué les esprits.
L’Ouverture du Don Giovanni de Mozart aurait été composée la veille de la création de l’ouvrage, le 29 octobre 1787. On ne résiste pas au plaisir de l’anecdote : épuisé par la composition et la copie du matériel d’orchestre, Mozart aurait été tenu en éveil une partie de la nuit par son épouse qui n’aurait pas cessé de lui parler ! Pour autant, il n’a eu ni le temps ni l’envie d’écrire quelques esquisses au brouillon. Le manuscrit est sans rature, parfaitement net.
L’Ouverture anticipe la scène du dîner de l’Acte II qui annonce l’arrivée du Commandeur et au cours de laquelle Don Juan est précipité dans les enfers. Ce “dramma giocoso” oppose deux mouvements contraires, un andante et un molto allegro. Les contrastes en sont d’autant plus affirmés que Mozart alterne les tonalités en majeur et en mineur. L’urgence dramatique et rythmique des premiers accords (vents et timbales) en est renforcée. Les curieuses modulations, l’audace harmonique et la diversité des styles employés sont inédites. Les trois thèmes exposés dans le molto allegro nous font entrer dans l’univers de l’opéra. Dans cette page qui ne prétend pas résumer toute l’action qui suit, le compositeur présente toutefois les deux idées principales de l’ouvrage qui sont la vie et la mort. Avant Don Giovanni, aucun opéra n’avait abordé la condition humaine avec une telle efficacité.