Bernstein, c’est New York ! West Side Story, The Age of Anxiety, Wonderful Town, mais également la chanson New York, New York, extraite précisément de On the Town. Ces pages que l’on connaît sont devenues la signature de la ville et de la culture urbaine américaine. Leurs couleurs semblent ouvrir l’espace à la fois sur l’Océan Atlantique et sur un pays, vaste comme un continent.
Dans On the Town, le librettiste Jerome Robbins (celui-là même qui pensa à West Side Story et quelques années plus tôt à Fancy Free) a imaginé la vie trépidante de trois marins de la Navy en permission pour 24 heures (Ozzie, Chip et Gabey). La guerre qui n’est pas encore terminée et l’envie de vivre pleinement chaque minute assurent le rythme de l’ouvrage. Cette musique débridée dont la première fut donnée le 28 décembre 1944 assura l’un des plus grands succès de Broadway à la Libération. On comptabilisa en effet 463 représentations !
Trois danses caractéristiques de la comédie musicale sont présentées en concert. The Great Lover (allegro pesante) évoque Gabey, le marin amoureux et romantique. L’humour et la maladresse du personnage quelque peu burlesque sont décrits entre la pulsation du piano et des timbales sur un fond de sonneries militaires et “jazzées” des cuivres.
Lonely Town est un Pas de deux (Andante sostenuto), une mélodie contrastant par sa douceur et sa nostalgie. Le lyrisme des cordes rompt le climat de solitude et évoque le style d’Aaron Copland dont Bernstein subit l’influence.
Times Square 1944 (allegro) est une danse joyeuse et sans prétention qui s’ouvre dans les harmonies du cabaret – percussions, saxophone – et nous emmène dans la vie nocturne de la ville. L’humour et l’ironie, l’énergie et l’innocence, les bruits de la cité, le côté « cartoon » de ces trois danses sont retranscrits avec une finesse réjouissante.