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Maurice Ravel
(1875-1937)
Le Tombeau de Couperin
I. Prélude
II. Forlane
III. Menuet
IV. Rigaudon
Date de composition : novembre 1917 (version originale pour le piano).
Date de création : 28 février 1920 par l’Orchestre Pasdeloup sous la direction de Rhené-Baton
Ravel achève la composition du Tombeau de Couperin, un cycle dédié au piano, en novembre 1917. Cet hommage à la musique française du XVIIIe siècle comprend six parties : Prélude, Fugue, Forlane, Rigaudon, Menuet et Toccata. Dans la version orchestrale réalisée en juin 1919, avec ses bois par “deux”, les deux pièces les plus pianistiques, la fugue et la Toccata, sont supprimées.
À l’origine de ce Tombeau (Ravel a dessiné de sa main une urne funéraire qui est imprimée sur la page de couverture de l’édition originale), le musicien rend hommage aux morts tombés à la guerre. Par ailleurs, il évoque le raffinement du classicisme français, celui de Rameau et des Couperin.
L’écriture pianiste ne possède certes pas la brillance des Valses nobles et sentimentales, des Miroirs et de Gaspard de la nuit. L’orchestration s’imposait-elle aussi naturellement que pour les Valses nobles et sentimentales d’une modernité si fortement revendiquée ? On peut l’affirmer dans la mesure où le propos de Ravel est de magnifier le Grand Siècle qu’il vénérait.
Le Tombeau de Couperin s’ouvre par le Prélude. Le tempo est “vif”, porté par la petite harmonie. La fluidité du mouvement gagne tout l’orchestre. Le hautbois tient le thème à lui seul. Il évoque quelque escapade dans la campagne française.
Forlane (allegretto) offre une danse plus stricte que la précédente. Le doux balancement des pas et le croisement des danseurs sont à peine contrariés par les stridences mesurées des vents.
Le Menuet (allegro moderato) est d’une inspiration mélodique plus contemporaine, typique des harmonies des années vingt. Presque anodine, cette page devient subitement plus grave. L’orchestre quitte alors l’univers de la chorégraphie pour dessiner un tableau historique empreint de nostalgie avant de revenir à l’élégance du mouvement initial.
Le Rigaudon (assez vif) s’amuse avec des cuivres persifleurs. Le parfum campagnard de la Suite de l’Histoire du Soldat (1918) de Stravinsky n’est pas si éloigné de ce climat. L’impertinence des cuivres est toutefois de courte durée. Le rythme impose une danse villageoise à la carrure solide et dont les sonorités appartiennent sans réserve à l’écriture du début du XXe siècle.