L’Amant anonyme, ouverture, Joseph Bologne, Chevalier de Saint-George

Joseph Bologne, Chevalier de Saint-George
(1739-1799)
L’Amant anonyme, ouverture

Un seul mouvement
Ouverture : III. Presto

Date de composition : 1780
Date de création : 1780, Paris

Né le jour de Noël de 1739 à Basse-Terre, en Guadeloupe, Joseph Bologne de Saint-George est le fils d’une jeune esclave des Antilles et d’un riche planteur, Guillaume-Pierre Tavernier de Bologne. Son père l’emmène à Paris et l’éduque comme tout fils d’aristocrate. Joseph devient un escrimeur et un cavalier hors-pair, mais aussi un remarquable violoniste et compositeur. Il reçoit l’enseignement de Leclair pour le violon et de Gossec pour la composition. Coqueluche du Tout-Paris, protégé de la reine Marie-Antoinette, il ne peut toutefois prendre la direction de l’Académie royale de musique car empêché par une cabale en raison de la couleur de sa peau. Il est toutefois l’un des chefs d’orchestre les plus prisés de l’époque, directeur du prestigieux Concert des Amateurs, l’une des formations les plus célèbres en Europe. En 1784, la loge maçonnique à laquelle il appartient l’envoie à Vienne afin de commander des symphonies – les futures Symphonies parisiennes – à Joseph Haydn. De retour à Paris, il en assure la création à la tête des fameux Concerts de la Loge Olympique dont il est le fondateur.

Le Chevalier de Saint-George se passionne aussi pour les idées réformatrices de son temps et les réflexions engagées par les cercles philosophiques. A la veille de la Révolution française, il suit le Duc d’Orléans à Londres, ce dernier prônant des idées libérales que son cousin Louis XVI ne pourra appliquer. Lors de la Révolution, il est promu colonel et devient le premier officier de couleur et de ce rang dans l’armée française. En 1792, il combat les troupes de la coalition, mais en raison de son amitié avec le Duc d’Orléans – “Philippe-Egalité” qui vote la mort du roi et finit comme lui sur l’échafaud – il est arrêté durant la Terreur, évitant de justesse la guillotine.

 Le Chevalier de Saint-Georges a composé plus de deux-cents pièces dans les genres les plus divers, allant de la sonate à l’opéra. L’opéra comique en deux actes avec ballet L’Amant Anonyme sur un livret de l’écrivain Desfontaines-Lavallée (1733-1825) est la seule partition lyrique complète du musicien. Dans cet opéra pastoral, une jeune veuve et un amoureux “anonyme” finiront par se reconnaître. L’opéra débute par une ouverture italienne en trois parties (vif-lent-vif). Le compositeur choisit divers rythmes de danses pour préparer les spectateurs aux intrigues de la comédie. La dynamique et le style évoquent les opéras mozartiens.

 

A Lire
« Monsieur de Saint-George, le Nègre des Lumières » par Alain Guédé (Ed. Actes-Sud).