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Frédéric Chopin
(1810-1849)
Concerto pour piano et orchestre en fa mineur n°2 op.21
Mouvements
I. Maestoso
II. Larghetto
III. Allegro vivace
Date de composition : 1830, à Varsovie
Date de création : 17 mars 1830, au Théâtre national de Varsovie
C’est au cours de l’été 1830, lors de la publication des Ordonnances de Juillet sur la liberté de la presse, que se développèrent à Paris les émeutes qui aboutirent à l’abdication du roi Charles X. Partout en Europe se levait un vent de révolte, au point que les régimes les plus autoritaires, ceux du Chancelier Metternich en Autriche et du Tsar de Russie vacillèrent. On parla de faire la guerre à cette France régicide puis impériale et finalement indomptable. Chopin suivait de près les événements à Varsovie, attendant un visa pour l’Allemagne que les autorités polonaises tardaient à lui octroyer.
De ces jours incertains date la composition d’un nouveau concerto pour piano en mi mineur (op.11), car celui que l’on croit être le Premier, en fa mineur (op.21), est en réalité le Second dans l’ordre chronologique. Entre mars et octobre 1830, Chopin offrit ses derniers concerts au public de Varsovie, à la veille du soulèvement de la Pologne. Il partit enfin, laissant un pays vaincu par les armées russes, abandonnant ses amours et sa patrie. En 1831, il s’installa à Paris. Ce fut le coup de foudre réciproque entre la société parisienne et le jeune musicien.
Les deux concertos pour piano se révèlent d’une importance capitale pour comprendre la personnalité de l’artiste et l’originalité de son écriture, la puissance de son inspiration aux sources des mélodies polonaises et du regard d’une jeune femme… Chopin n’était âgé que de vingt ans et sa vie était déjà tumultueuse. Il n’avait pas encore quitté Varsovie et il était tombé amoureux de Constance Gladkowska, élève au Conservatoire de Varsovie dans la classe de chant. L’Adagio du Concerto en fa mineur offre un portrait sonore de la jeune femme. Et à bien y réfléchir, tout le Concerto d’une allure si passionnée semble construit autour de cet Adagio, l’un des plus beaux de toute la littérature romantique du piano.
L’œuvre débute de manière imposante avec un premier mouvement Maestoso, presque aussi long que les deux autres réunis. Fiévreux, l’orchestre développe longuement son thème aux cordes. C’est un orchestre dont Hector Berlioz a sévèrement critiqué la prétendue pâleur. Il l’a trouvé selon ses propres termes « comme un accompagnement morne et presque superflu ». Il est vrai que l’orchestre de Chopin est plus proche de celui de Mozart que de Beethoven et que le compositeur polonais ne concevait pas que le soliste et les pupitres se combattent. Les pupitres des bois vont d’ailleurs adoucir les phrases péremptoires des cordes.
Trois minutes presque ont passé et le piano entre de manière solennelle puis intimidé par ses propres accords fracassants, il nous confie bientôt son chant d’une étonnante beauté. Les nombreux élèves de Chopin se souvinrent de l’un des conseils de leur maître : « Il faut chanter avec les doigts ! ». Et le chant prend ici l’allure d’une conversation puis d’une confidence qui n’exclut pas les brusques excès de passion, un épanchement juvénile. Chopin les contient avec, par exemple, l’entrée du basson dont les couleurs nostalgiques adoucissent les peines de l’âme du jeune amoureux.
Au cœur du Concerto, la découverte du Larghetto fascine après un Maestoso aussi puissamment affirmé. Nous quittons l’univers de la salle de concert pour celui du salon particulier. Construit comme un Nocturne, ce mouvement étouffe l’émotion des cordes et des vents, concentrant toute son énergie dans l’expression du chant. Il s’agit d’une longue mélodie italianisante qui a pris son envol à partir d’une série de trilles. C’est un chant amoureux, brisé par la passion, mais aussi par de brusques arrêts et des ornementations qui ne semblent jamais finir. Progressivement, le son s’éteint comme on souffle les bougies d’une pièce et l’on quitte le lieu de l’extase poétique.
Le finale, Allegro vivace, s’ouvre dans la forme d’un rondo et sur un rythme de mazurka. Brillant, dansant, il provoque des variations surprenantes et particulièrement imaginatives. Il est d’une grande noblesse et manie aussi à l’occasion des chants et danses rustiques. Chopin nous entraîne dans ses élans d’allégresse et submerge l’auditeur par un torrent de notes dans lequel il n’est pas mécontent de montrer sa virtuosité.
À lire
« Chopin à Paris, une affaire non classée » par Piotr Witt. Edition Fondation Chance pour les aveugles.