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Maurice_Ravel_1925

Chansons madécasses pour chant, flûte, violoncelle et piano, Maurice Ravel

Maurice Ravel
(1875-1937)
Chansons madécasses pour chant, flûte, violoncelle et piano

I. Nahandove, ô belle Nahandove !
II. Aoua ! Aoua ! Méfiez-vous des Blancs
III. Il est doux de se coucher

Date de composition : 1925-1926.
Date de création : 13 juin 1926, salle Erard à Paris, avec Jane Bathori et Alfredo Casella au piano.

Le mécène américain Elizabeth Sprague Coolidge passa commande à Maurice Ravel de trois mélodies, laissant au compositeur le choix des poèmes, mais lui demandant de l’instrumenter pour flûte, violoncelle et piano. Ravel releva le défi et choisit trois poèmes du poète créole Evariste de Parny (1753-1814).

Ravel mit en musique les poèmes en prose, offrant un cadre sonore proprement génial au textes, qu’il s’agisse de l’érotisme de Nahandove, de la violence expressive de Aoua ou bien de la langueur raffinée de Il est doux de se coucher. En effet, le compositeur utilisa les instruments de manière minimaliste, chaque note suggérée prenant ainsi une importance extraordinaire sous les vers d’un poète considéré comme licencieux. Les premières auditions privées suscitèrent étonnement et même scandalisèrent, les textes choisis étant fortement désapprouvés par certains auditeurs n’y voyant qu’un anticolonialisme insupportable…

Les Chansons Madécasses peuvent être, sous la plume de Ravel, considérées comme un quatuor dans lequel la voix joue un rôle particulier. Cette démarche très novatrice, d’avant-garde même repose paradoxalement sur une forme de primitivisme : une simplicité nullement simpliste, mais au contraire, une étude très approfondie des combinaisons entre les sons et le mots. De fait, les trois mélodies sont portées par des sonorités stupéfiantes sur le plan harmonique et qui ont pour effet de désorienter l’auditeur.

Dans Nahandove, Ravel ne pastiche aucunement un style déterminé comme cela pouvait être le cas dans certaines œuvres de l’esthétique néoclassique. Avec la mélodie Aoua, il invente un cri de guerre avant que l’œuvre ne devienne une plainte funèbre puis un hymne à la liberté.

Au sein du catalogue de Ravel, les Chansons Madécasses font partie des œuvres les moins interprétées en concert. Elles déroutent, assurément, non plus en raison de leurs thèmes provocateurs, mais à cause leur complexité vocale et de leur vocation expérimentale.