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Guillaume Saint-James - crédit Rachel Daucé 3

Brothers in Arts, Chris Brubeck & Guillaume Saint-James

Chris Brubeck (1952) & Guillaume Saint-James (1967)
Brothers in Arts

Huit parties enchaînées :
I. Wave of Tranquility
II. American Cowboy
III. The America for Freedom
IV. Liberty Waltz
V. Battle of the Bulge
VI. Hymne à l’Europe
VII. Espoir
VIII. Épilogue

Date de composition : 2013.
Date de création : juin 2014 à Rennes par l’Orchestre National de Bretagne sous la direction de Didier Benetti.

Commande de l’Orchestre National de Bretagne, créée dans sa version symphonique, en juin 2014 à Rennes sous la direction de Didier Benetti, Brothers in Arts célèbre, au-delà de l’amitié, la rencontre de deux continents, aux frontières du jazz et du classique. Guillaume Saint-James évoque cette aventure unique, vécue aux côtés du musicien américain Chris Brubeck. « Hommage à nos pères… »

Parlez-nous de la genèse de l’œuvre…

Brothers in Arts est à la fois le produit d’une rencontre fortuite, d’une idée musicale et d’une amitié. Une rencontre, tout d’abord. Entre un musicien américain, Chris Brubeck qui évoque, devant des collégiens, le passé de son père, un illustre jazzman, Dave Brubeck vécut le débarquement en Normandie en 1944. Mon père, alors adolescent, fut opéré à la bougie, en pleine zone de guerre. Plus tard, il me transmettrait sa passion du jazz et de la musique d’un Dave Brubeck. Un idée musicale, ensuite. En écoutant ces témoignages imprévus, Marc Feldman, administrateur de l’Orchestre National de Bretagne, nous a aussitôt proposé de composer une œuvre à « quatre mains ». Il est à l’initiative de ce projet inédit. Ce fut aussi le début d’une amitié, commencée presque en conclave, lorsque nous nous sommes retrouvés, Chris et moi, cloîtrés deux jours entier, à Londres avec, pour seule compagnie, un piano ! Notre mission, que nous avons acceptée, a consisté à coécrire une partition, du moins à en imaginer le plan.

Comment avez-vous posé les bases de votre collaboration ?

Tout comme le synopsis d’un film écrit à deux et dans lequel aucun scénariste ne doit prendre l’ascendant sur l’autre ! Nous avons appris à nous connaître, à nous faire confiance. Nous avions une conception identique de l’œuvre. Le partage du travail a été évident. Il ne s’agissait pas de composer durant deux jours, mais d’entrevoir le cheminement d’un récit qui rende hommage à nos deux pères. Faire ressurgir le passé, nous l’approprier et le révéler avec notre musique. Rapidement, nous nous sommes aperçus des liens qui nous unissaient. Des détails parfois, comme le fait qu’à cette époque, je lisais la biographie de Darius Milhaud avec lequel Dave Brubeck avait étudié.

Comment s’est réparti le travail de composition ?

Au fil des heures puis des semaines passées à échanger nos fichiers, d’un continent à l’autre, nos cultures ont fusionné. On se conseillait en permanence. Chacun a composé et orchestré un mouvement, moi le premier, Chris, le second et, ensemble, le finale. La difficulté a été de préserver l’identité de chacun sans altérer l’unité de l’ensemble. J’ai appelé le premier mouvement Wave of Tranquility. Chris a repris le thème pour l’épilogue de la pièce. Et ainsi de suite.

Comment se structure la partition ?

Brothers in Arts comporte en réalité huit parties enchaînées ou, plus précisément huit « panneaux ». Le premier, Wave of Tranquility (1) décrit un lieu tranquille avant le chaos, là où vécut mon père, dans un petit village proche de Caen au bord des longues plages normandes de son enfance. American Cowboy (2) composé par Chris Brubeck est, par contraste, celui des grands espaces américains de Dave Brubeck. The America for Freedom (3) marque l’entrée en guerre des États-Unis. C’est une pièce très cuivrée, dans l’esprit des fanfares. Liberty Waltz (4) apporte une touche française avec l’ajout de l’accordéon. Battle of the Bulge (5) évoque l’épisode douloureux de la contre-offensive allemande des Ardennes, durant l’hiver 1944. Dave Brubeck a échappé de peu à la mort. L’Hymne à l’Europe (6) que j’ai composé, apparait comme une renaissance, un Espoir (7). Ce sont d’autres musiques, métissées et déjà colorée du jazz-rock. Dans ce mouvement, le sextuor (quintette de jazz et accordéon) s’impose au cœur de l’orchestre symphonique. La batterie est toujours restée présente au sein de l’orchestre, tout au long des épisodes, de même que les instruments solistes que sont le saxophone, le trombone et l’accordéon. L’Épilogue (8), enfin, reprend le thème que j’avais développé dans la première partie. C’est un mouvement calme et recueilli.

Pensez-vous avoir, tous deux, transmis un message grâce à Brothers in Arts ?

L’œuvre commémore des artistes, leurs paroles, leurs musiques. De la sorte, leur message est audible pour les générations présentes et futures. Cette partition représente aussi un outil de réflexion destiné aux plus jeunes. Une sorte d’outil commémoratif qui nous rappelle, oh combien, il est nécessaire d’alimenter le terreau de la conscience collective. En ce sens, il appartient aux artistes, de mettre en scène cette nécessité absolue du souvenir au côté des nouvelles générations à qui nous confions le devenir de l’Humanité.