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Concerto pour piano et orchestre n°3 en Ut Majeur op.26

Le Troisième Concerto pour piano est, à juste titre, le plus célèbre des cinq opus de Prokofiev, composés entre 1912 et 1932. Il fut achevé en 1921 lors d’un séjour estival du musicien en Bretagne. Prokofiev avoua qu’il avait travaillé avec une constance métronomique, se mettant devant son papier à musique à partir de 8 h 30 chaque matin, avant de pratiquer la natation, les parties d’échec et à nouveau la composition.

 

La création de l’œuvre eut lieu le 16 décembre 1921, à Chicago, avec le compositeur en soliste. Il fallut attendre les premières européennes et notamment l’enregistrement historique que Prokofiev réalisa lui-même en 1932 sous la direction de Piero Coppola pour que l’œuvre soit reconnue à sa juste valeur : elle devint alors l’un des concertos les plus joués du XXe siècle.

 

Prokofiev était un musicien au tempérament “d’archiviste”, réemployant comme certains de ses confrères des matériaux non-utilisés et issus de partitions antérieures. De fait, une partie des thèmes du concerto avait déjà été élaborée en 1913 et les deux premières variations dataient, quant à elles, des années 1916-1917. Malgré cette technique du « collage », l’œuvre s’avère d’une fantastique unité, symbolisant le futurisme des années vingt.

 

La signature de Prokofiev est en effet présente à chaque mesure : dans l’esprit agressif de l’Allegro introductif, dans le goût pour les jeux combinés entre le piano et l’orchestre, les harmonies sinueuses, les réminiscences “jazzées”. C’est d’ailleurs un duo de clarinette qui ouvre ce premier mouvement. L’auditeur découvre un paysage sonore grandiose, qui met en valeur la course du piano. Le jeu à la fois incisif et narquois du soliste multiplie avec une vélocité remarquable, les changements de rythmes.

 

Les cinq variations du second mouvement (Andante con variazioni) sont introduites par un thème charmant esquissé aux bois (flûte et clarinette) et s’achèvent par un immense trait du piano. Entretemps, on assiste à une lutte épique, de plus en plus belliqueuse dès la première variation, L’Istesso tempo. Elle brocarde sans vergogne la Rhapsody in blue de George Gershwin. La deuxième variation, Allegro, fait dialoguer la trompette avec le piano. Prokofiev affirme alors son goût pour une modernité que l’on qualifia quelques années plus tard de futuriste. La Troisième variation joue sur le caractère burlesque du rythme. L’Allegro moderato est suivi d’un andante meditativo, la quatrième variation. Cette pièce nimbée de couleurs inquiétantes avec l’apparition des cors et du hautbois est annotée delicatissimo. L’allegro giusto qui referme le mouvement affirme le retour à un caractère violemment expressif et typiquement russe.

 

Le finale, Allegro ma non troppo, soulève une tension rythmique lourde, une énergie fruste et populaire. Le thème est exposé au basson et aux cordes. L’humour ravageur et burlesque de Prokofiev annihile tout relent pastoral de l’orchestre. Ce sont des traits en tous sens, de véritables gifles sur des battues sans cesse changeantes. L’étrangeté de l’écriture accroît le sentiment de conflit entre le soliste et l’orchestre. Le dynamisme de cette immense machinerie sonore ne cesse de croître jusqu’à l’explosion conclusive.