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Concerto pour flûte et orchestre n°1 en sol majeur K.313/285c

 

(1756 – 1791)

 

Contrairement à la clarinette qu’il découvrit tardivement, Mozart n’aima jamais vraiment la flûte bien qu’elle fasse bien plus que porter une partie du titre de son dernier opéra ! Ses propos furent même cruels dans une lettre qu’il adressa à son père en 1778. N’ayant pu honorer, faute de temps, la commande d’un flûtiste, il écrivit avec un vif agacement : « Comme vous le savez, je deviens complètement ankylosé lorsque je dois écrire sans cesse pour un instrument que je ne peux souffrir ».

 

En réalité, le jugement de Mozart fut beaucoup moins sévère à l’égard de celui-ci.  Il lui dédia tout de même six partitions importantes dont les deux concertos pour flûte (K.313 & K.314) ainsi que celui pour flûte et harpe K.299. Qui peut croire en l’aversion de Mozart tant les œuvres sont inspirées, inventives ! Il connaissait par ailleurs de nombreux flûtistes et ce fut l’un d’entre eux, Jean-Baptist Wendling (1723-1797) qui, à Mannheim, le mît en contact avec un riche officier et mécène  hollandais, Ferdinand De Jean. A l’automne 1777, Mozart parcourait alors l’Allemagne à la recherche de commandes et de concerts, espérant même une nomination dans l’une des cours princières. De Jean lui commanda deux concertos pour flûtes qui devaient faire partie de «trois petits concertos courts et faciles ainsi que deux quatuors avec flûte». Dans les deux concertos, le compositeur dresse un véritable catalogue de la technique de l’instrument et de ses possibilités expressives.

 

Le Concerto en Sol majeur fut composé entre le 25 décembre 1777 et le 14 février 1778. Le modèle de l’écriture est celui des cinq premiers concertos pour violon, datés de l’année 1775. Deux mouvements rapides encadrent un mouvement lent.

 

Le début de l’Allegro maestoso  en sol majeur fait figure d’ouverture d’opéra.  Le climat est d’une allure relativement solennelle avec ses rythmes pointés, teintés d’une noblesse presque militaire. Puis, le soliste assure la prima voce et il démontre une virtuosité éblouissante ainsi qu’une remarquable maîtrise de la respiration. Toutefois, l’orchestre n’est pas en reste. A plusieurs reprises, il lui coupe la voix, imposant ses ritournelles. La cadence  est réputée pour sa difficulté au point qu’il en existe plusieurs imaginées par différents solistes.

 

Dans L’Adagio ma non troppo en ré majeur, l’orchestre n’est pas non plus exposé en demi-teinte. Il crée un véritable tapis sonore par les sourdines des cordes et il engage un dialogue avec le soliste dans une atmosphère mélancolique, grave et rêveuse. Cette page est d’une grande délicatesse, à la fois subtile par ses climats et difficile sur le plan technique. Mozart avait oublié les recommandations de son mécène pour laisser libre cours à son imagination. On sait aussi qu’il venait de rencontrer à Mannheim Aloysia Weber dont il était amoureux. Econduit, il épousa sa sœur Constance en 1782.

 

Le finale, un Rondo tempo di menuetto en sol majeur est d’une belle audace d’écriture. Conçu dans le style galant de l’époque, il déploie progressivement dans ses multiples digressions et variations une inventivité de tous les instants. Honnête amateur, De Jean ne fut certainement pas capable d’assurer la partie soliste d’une œuvre qui s’achève par la voix de l’orchestre.

 

Alfred Einstein a comparé le finale à une «source jaillissante de bonne humeur et de fraîche invention».

 

Mozart ne composa que deux des trois concertos ainsi que les trois quatuors promis. De Jean lui avait assuré une rémunération de 200 Gulden. Il n’en versa que 93, estimant que le contrat n’avait pas été totalement honoré…

 

« Mozart, Chemins et Chants » par André Tubeuf (Actes Sud / Classica, 2005).